Le poil a sa raison d’être
Temps de lecture estimé : 2 minutes
Parle-moi de ta cause! » Zélie Schneider, 23 ans, s’est intéressée, pour son travail de bachelor de fin d’études en anthropologie sociale, à des femmes qui acceptent leur pilosité.
«De nombreuses études cherchent à expliquer pourquoi les femmes s’épilent. L’intérêt de mon travail était donc de se pencher sur l’absence de cette pratique. Le sujet paraît banal mais il suscite en réalité des réactions parfois très extrêmes qui vont au-delà des goûts personnels. Le monde scientifique s’y intéresse également.
On peut voir dans chaque culture et à toute époque que les poils ou les cheveux sont un marqueur social important car ils permettent des modifications corporelles entièrement réversibles. L’épilation est devenue petit à petit une norme sociale. Selon certaines hypothèses, l’épilation féminine servirait à accentuer la différence entre les hommes et les femmes et serait un moyen de contrôler ces dernières en les infantilisant, les fragilisant.
Pourtant, le poil a sa raison d’être; il hydrate la peau et a un rôle protecteur dans de nombreux domaines. J’ai mené plusieurs entretiens avec des femmes qui remettent en question cette norme sociale intériorisée et qui ont arrêté de s’épiler. Les éléments déclencheurs sont souvent le temps que cela prend, l’argent, la douleur et aussi la question «Pourquoi le ferais-je si les hommes ne le font pas?» L’épilation est une obligation sociale, à la différence du maquillage qui est vu comme un plus esthétique. Une femme a constaté que ça allait trop loin quand son fils, la voyant sortir de la douche, s’est exclamé: «Ah bon, les femmes ont des poils?»
Ce qui semble compter le plus dans la décision de s’épiler ou non serait comment ces femmes se perçoivent elles-mêmes avec leurs poils, et non les réactions des autres. Elles se sont rendu compte que l’épilation était un geste social futile et inutile. Nous ne pourrions décider objectivement ce qui nous plaît le plus qu’après avoir vu autant de femmes épilées que poilues, et ce dans des contextes semblables.» Lise SchalleR