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Le sexisme? Pas notre genre

Anne Rudaz et Christophe Rotzetter, enseignants au CO du Belluard, ont mis sur pied des cours de sensibilisation au sexisme destinés aux jeunes

Pour nourrir le contenu de leurs leçons, les enseignants s’appuient sur les chiffres mondiaux recensés dans L’Atlas des femmes de Joni Seager. © Héloïse Hess
Pour nourrir le contenu de leurs leçons, les enseignants s’appuient sur les chiffres mondiaux recensés dans L’Atlas des femmes de Joni Seager. © Héloïse Hess

Mélodie Rossier

Publié le 27.01.2020

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Société » Parmi les stéréotypes de genre qui circulent dans les écoles, de vieilles croyances persisteraient encore: «Un garçon qui flirte avec plusieurs filles est un Don Juan. Une fille qui multiplie les conquêtes est une salope.» Voilà les bruits de couloir qui, selon Anne Rudaz, professeure au Cycle d’orientation du Belluard, demeurent dans les mentalités de certains adolescents: «Ce sont des choses que l’on entend encore en classe», révèle-t-elle. Pour elle et son collègue Christophe Rotzetter, parler de sexisme est donc nécessaire: «Nous constatons chez nos élèves que les stéréotypes concernant les femmes, les hommes et les minorités sont encore bien présents. Certaines réactions sont très dures», confient-ils.

En juin dernier, les enseignants avaient organisé une journée à thème pour la grève des femmes dans le but de sensibiliser les jeunes au sexisme ordinaire. Ils préparent à présent une série de cours sur ce thème pour mieux l’approfondir: «Nous présentons des informations factuelles pour faire réaliser aux jeunes que le problème se cache partout et pour que les filles et les garçons puissent en saisir les conséquences», expliquent les professeurs.

Prévention sexuelle

Anne Rudaz constate chez les élèves la perpétuation de discours problématiques concernant les relations amoureuses: «Les filles n’osent pas s’affirmer en disant non», déplore-t-elle. L’enseignante souligne la difficulté que rencontrent certains adolescents à intégrer pleinement la notion de consentement: «Il y a parfois une différence entre le discours féministe que ces jeunes filles tiennent et leur comportement réel. Elles croient souvent que dès lors qu’elles sont en couple, elles sont obligées de céder à certaines pratiques sexuelles», constate-t-elle.

Les discussions avec les professeurs semblent par ailleurs avoir marqué certains élèves: «Les chiffres que l’on m’a présentés sur les viols m’ont ouvert les yeux», confie Dalia Sulayman, 16 ans, avant d’ajouter: «Les femmes devraient être mieux protégées. J’ai pris conscience qu’elles n’ont pas besoin de tout accepter ni de tout faire.»

Des professions genrées

«Lorsque l’on tient des propos qui dénoncent le sexisme, il n’est pas rare d’être vu comme extrémiste, rapporte Christophe Rotzetter. Les discriminations envers les femmes nous paraissent souvent ordinaires, on ne s’en rend pas toujours compte.» Anne Rudaz, quant à elle, explique que la catégorisation de genre se ressent fortement dans le cadre de l’avenir professionnel des jeunes. C’est une question qui semble intéresser Arthur Ramos-Pinto, 15 ans. Le jeune homme a entrepris de contacter une entreprise de nettoyage pour y faire un stage: «Je veux observer la réaction des autres lorsque je me présenterai en homme de ménage et surtout, je veux montrer que c’est possible.»

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