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Les chorales aux abois

Les chœurs amateurs ont l'interdiction formelle de poursuivre leur activité. © Lise Schaller
Les chœurs amateurs ont l'interdiction formelle de poursuivre leur activité. © Lise Schaller
Publié le 24.11.2020

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Y’en a marre!

Pendant que le secteur culturel tente tant bien que mal de s’adapter à la situation, on a laissé les chœurs sur la touche. Coup de gueule de notre chroniqueuse.

Le secteur culturel est en détresse. En plus des annulations de gros événements prévus ces prochains mois, difficile de planifier sur le long terme: peur de s’engager dans l’inconnu, perte d’argent, énergie gaspillée, temps perdu… Nombreuses sont les raisons du désespoir des artistes. Cela dit, c’est la faute à personne ou à pas de chance, et toute personne saine d’esprit comprend qu’il était nécessaire de prendre des mesures rapidement. On coupe en premier les loisirs, considérés comme plus futiles que le travail – comment faire autrement dans notre société capitaliste, me demanderez-vous? – et on attend de pouvoir desserrer la vis. Que faire, cependant, quand son métier, c’est le loisir? Accepter qu’on sera toujours le premier à avoir peur de tomber?

Certains orchestres montent de nouveaux projets et répètent par groupes de moins de 10 personnes. Les adeptes de l’Oulipo se frottent les mains; les contraintes rendent parfois étonnamment créatif. Et les chœurs? Réponse du Conseil fédéral: «Les manifestations des chorales d’amateurs sont interdites». Je suis allée nettoyer mes lunettes et ai lu cette phrase dix fois. Chanter en quatuor avec un masque à 4 mètres de distance est illégal. Les chefs de chœur sont sans voix, car la situation est pire que jamais: on n’a plus le droit de rien faire du tout. Mais vraiment rien. Elle a bon dos, la créativité. Si la situation sanitaire n’avait pas été sérieuse, on aurait pu se réunir en groupes de dix pour souffler dans des flûtes traversières, en protestation. Ça, c’est encore permis. Sûrement parce que les flûtes, ça ne yodle pas. Alors oui, les chorales ont de quoi crier à l’injustice. D’après les chiffres publiés par Le Temps en août dernier, Fribourg compte un choriste pour 35 habitants. Vous allez les entendre. Comment, on ne sait pas encore.

Lise Schaller

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