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Les hormones, ras le bol!

La symptothermie, une méthode naturelle de diagnostic de l’ovulation, se présente comme une alternative à la contraception hormonale. Décryptage

Les hormones, ras le bol! © Isabelle C.
Les hormones, ras le bol! © Isabelle C.

Mélodie Rossier

Publié le 22.05.2018

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Santé »   «Depuis que j’ai arrêté la pilule, je me sens vivante», confie Martia Gamba, 23 ans. «Avant, j’étais comme un légume, sans émotions, je n’avais aucune libido et perdais mes cheveux. Je voulais une vie saine et c’était contradictoire.» En effet, stopper la prise d’hormones est la principale raison pour laquelle les femmes se tournent vers la symptothermie selon Valentina Salonna, présidente de la fondation suisse Symptotherm et conseillère depuis dix ans.

Cette méthode naturelle consiste à observer son corps pour gérer sa fertilité: on consigne entre autres sa température, l’aspect de sa glaire cervicale ou encore l’emplacement de son col de l’utérus. Un cyclogramme calcule ensuite ces données et permet de situer son ovulation, durant laquelle les rapports doivent être protégés. Une application a également été développée pour pouvoir toujours avoir son cyclogramme avec soi. Martia s’en amuse: «On marie les méthodes de grand-mère avec la technologie pour les rendre fiables.» Dans son travail, Valentina Salonna favorise l’écoute humaine et personnalise ses séances aux besoins des patientes. Elle tient à ne pas faire de hiérarchie: «Je tutoie les femmes qui viennent me voir car je participe au chemin qu’elles font mais n’en suis pas l’auteur.»

La limite: l’assiduité

Pour Jeanne*, 22 ans, bien qu’adhérente aux valeurs humanistes et écologiques de la symptothermie, il est difficile de ne se fier qu’à son corps. Selon son expérience, la méthode n’est pas non plus très conseillée par les plannings familiaux. Valentina Salonna et Martia déplorent effectivement le manque d’information et rêvent de voir ce savoir enseigné dès l’enfance. Elles précisent que la limite de la méthode est l’assiduité de la femme dans la lecture de son propre fonctionnement. Anne-Claire Laporte, gynécologue à Bulle, explicite: «Cela peut être très sûr si l’on a bien appris à le faire et qu’on est motivée. Toutefois, on peut vivre des mois sans certitudes lorsque les cycles sont irréguliers.»

La symptothermie offre aussi de nouveaux outils pour appréhender son contexte socioculturel et le remettre en question selon Valentina Salonna: «Les femmes développent une conscience de leur corps, de leur santé et de leur sexualité, qui est différente de celle des hommes.» Elles peuvent ainsi relativiser la parole des médecins et leur perception du couple. «Je prône une sexualité féminine plus libre, moins reproductive mais plus favorable à l’épanouissement des femmes», assume la conseillère.

Martia a le soutien de son partenaire: «La conception d’un enfant se fait à deux. Je ne vois pas pourquoi c’est à la femme de tout porter sur ses épaules.» Selon Valentina Salonna, de nombreux couples se séparent devant cette volonté de partage de responsabilité avec l’homme. Quant à Jeanne, elle regrette que malgré cette valorisation féminine, ce soit toujours à la femme de faire attention.

*Prénom d’emprunt

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