La Liberté

Menuisier à temps perdu

Nathan Page possède une petite entreprise de menuiserie en marge de son travail d’ingénieur. La consécration d’une passion qui le suit depuis l’enfance

Dans son atelier, Nathan Page consacre entre dix et douze heures par semaine aux commandes qui lui sont passées. © Héloïse Hess
Dans son atelier, Nathan Page consacre entre dix et douze heures par semaine aux commandes qui lui sont passées. © Héloïse Hess

Louis Rossier

Publié le 04.06.2019

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Hobby » «Mon papa et mon grand-papa aimaient tous les deux bricoler, c’est d’ailleurs eux qui ont en grande partie construit cette maison!» Nathan Page, 28 ans, ne fait guère de mystère sur l’origine de sa passion pour la menuiserie, qui l’a poussé à lancer en janvier 2018 sa propre entreprise, Up For It, au sous-sol de la vieille demeure familiale à Prez-vers-Noréaz. «Souvent je le rejoignais ici, explique-t-il en ouvrant la porte de son atelier. II ne voulait pas que je l’aide ou que je suive ses ordres, il voulait que je sois créatif.» Parmi ses projets d’enfance, il retient un paquebot en bois réalisé peu après la sortie du film Titanic. «Il ne ressemblait pas à grand-chose, mais c’est moi qui l’avais fait!»

Là où Nathan se distingue des autres menuisiers, c’est qu’il travaille à plein-temps comme ingénieur en industrie manufacturière pour une multinationale basée à Morat. Une activité qui ne l’a pas empêché d’officialiser sa passion sous la forme d’une entreprise individuelle. Arrive-t-il à jongler entre les deux? «Je me surmène parfois, admet-il. J’aimerais me limiter à 10 ou 12 heures par semaine dans l’atelier.»

La faute au nœud pap’

Cette professionnalisation, il la doit à un nœud papillon: «Invité au mariage d’une amie, je n’ai trouvé ni cravate, ni nœud papillon qui m’allait.» Il descend alors à l’atelier et grave un nœud papillon dans du bois massif. «Il a eu un tel succès que les gens passaient commande au cours du mariage», se remémore-t-il. Devenu le symbole de son hobby, le nœud papillon, qu’il cédait autour de 100 francs pièce, orne aujourd’hui ses cartes de visite.

Pour fixer ses tarifs, Nathan attribue un prix à chaque processus nécessaire à la réalisation de la commande, ce à quoi s’ajoute le coût des matériaux fixé par le fournisseur. «Mais je ne peux pas me permettre de proposer les mêmes prix qu’un menuisier professionnel qui aurait suivi une véritable formation», reconnaît celui qui prend tout de même conseil chez son beau-père, menuisier de métier. Sa commande la plus audacieuse? «Ça doit être une table modulable de salon sur laquelle j’ai planché une vingtaine d’heures, confie-t-il après un silence. La pièce centrale pouvait pivoter, transformant le meuble en octogone plus spacieux.»

Plus-value du sur-mesure

Si sa politique tarifaire s’écarte de celle d’Ikea, il en va de même du rapport à l’objet qu’il propose. «Ikea a pendant longtemps changé la perception que les gens avaient de leur mobilier, estime-t-il. A l’inverse, j’invite les clients à s’investir dans le processus de création.» Il inscrit cette approche dans un changement des habitudes de consommation au sein de la société: «Les clients ont ainsi le sentiment que leur meuble est unique, le sur-mesure a une plus-value sur la consommation catalogue.» La stratégie apparaît payante: «Les gens se prennent au jeu, témoigne-t-il. Pour l’instant, ils sont tous revenus pour passer une deuxième commande.»

www.facebook.com/upforit.atelier/

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