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«On peut croire et douter»

L’Eglise catholique n’est plus aujourd’hui une évidence. Quatre jeunes racontent leur rapport à la religion, entre rejet et adhésion

Qu’on soit croyant ou non, la tradition chrétienne reste ancrée dans notre culture. © Héloïse Hess
Qu’on soit croyant ou non, la tradition chrétienne reste ancrée dans notre culture. © Héloïse Hess

Amédée Hirt

Publié le 14.06.2021

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Religion » En 2019, l’Eglise catholique a vu un nombre record de personnes la quitter. Selon l’Institut suisse de sociologie pastorale, les 16-30 ans sont l’une des catégories socio-démographiques qui ont le plus tendance à sortir de l’Eglise, les Fribourgeois ne faisant pas exception.

Erwan, 21 ans, a sauté le pas en avril 2020. Celui qui se définit comme athée trouve que cela n’avait pas de sens de continuer à payer les impôts ecclésiastiques alors qu’il ne croit plus. Il insiste sur le côté émancipateur de l’action: «C’était aussi une manière de m’affirmer, de me détacher de la croyance qui m’a été assignée quand j’étais petit.» Le jeune homme reconnaît l’influence de l’Eglise sur notre société. Cependant, il estime qu’aujourd’hui l’institution subit les changements de la société plus qu’elle ne les propose.

Mathilde, elle, est en plein dans les démarches administratives de sortie. La jeune femme de 27 ans explique n’avoir jamais été croyante ni pratiquante. Même si elle a fait sa première communion et sa confirmation «parce que tout le monde les faisait», sa sortie de l’Eglise va dans la suite logique de sa vie. Tout en reconnaissant les apports culturels de l’Eglise, elle reste critique: «Une institution qui parle à autant de gens pourrait véhiculer un message plus d’actualité, notamment sur les questions de genre.»

Toujours du sens

Si les églises se vident, certains jeunes continuent de vivre leur religion avec passion. Pour Marie-Bertrande, sa foi est quelque chose de central: «Oser s’affirmer c’est important pour montrer qu’on existe, qu’on croit, et pour aider les gens à trouver leur foi.» Depuis une participation marquante aux Journées mondiales de la jeunesse à Rio de Janeiro en 2013, elle essaie de transmettre sa foi à son entourage. Pour la jeune femme de 25 ans, l’Eglise est un symbole de stabilité millénaire. Elle estime qu’elle ne devrait pas trop se laisser influencer par les changements sociétaux.

Pauline, 24 ans, fait partie du groupe ACT – Aimer c’est tout. L’association organise chaque mois une soirée comprenant une conférence, une messe et un temps plus festif. Ces rencontres réunissent habituellement entre 20 et 40 personnes. Pour Pauline, c’est une manière de rendre sa foi plus adulte tout en lui permettant de rencontrer des gens. Après avoir remis en question ses croyances à l’adolescence, sa foi est aujourd’hui source de motivation: «Je ne peux pas me permettre d’être médiocre. La vie moyenne où tu ne fais pas trop le bien et pas trop le mal non plus, ce n’est pas suffisant pour moi. Je ne dis pas que j’y arrive tous les jours, mais j’essaie. Avoir la foi n’empêche pas de douter.» La jeune femme estime que l’Eglise a du sens aujourd’hui. Même si elle avance doucement, l’institution a toujours la vocation de guider.

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