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Quand maman est à l’uni

Malgré les mesures prises par les institutions académiques, il n’est pas évident de jongler entre les cours et son rôle de parent

"Avoir des relations non protégées a été ma prise de risque à l'adolescence." © Lara Diserens
"Avoir des relations non protégées a été ma prise de risque à l'adolescence." © Lara Diserens

Lara Diserens

Publié le 21.06.2021

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Société » Devenir parent, ça change la vie. Par accident ou choix de vie délibéré, la parentalité précoce implique des sacrifices, notamment en ce qui concerne l’activité professionnelle. Pourtant, la parentalité n’est pas incompatible avec une formation. Cassandra Bompard, actuellement âgée de 25 ans, tombe enceinte alors qu’elle vient de finir l’école obligatoire. L’effet altérant du pamplemousse sur la pilule serait la raison de ce bébé surprise. Cassandra a pu compter sur le soutien de ses proches pour poursuivre sa formation, mais son choix a toujours été assumé: «Je ne voulais pas que ma fille soit élevée par ses grands-parents. Etudiante ou pas, je voulais établir un lien mère-fille avec mon enfant.» Malgré sa situation, Cassandra n’a pas renoncé à sa jeunesse: «Je passais de la jeune insouciante à la maman responsable.» Pour elle, être jeune parent ne veut pas dire gâcher sa jeunesse, ni renoncer à ses études.

Manque de reconnaissance

La maman étudiante à la HEP a fait les frais de son double statut au cours de sa formation: organisation bancale, manque de communication, jugement. Le refus d’une école justifié par sa deuxième grossesse est vécu comme une injustice et parler de sa maternité semble désormais porteur de préjudice. Cassandra déplore un manque de reconnaissance du rôle de parent dans les hautes écoles: «J’aimerais que mon rôle de mère soit pris en compte. Je ne devrais pas sacrifier ma famille pendant un mois pour me plier aux horaires de stage traditionnels.»

Certaines institutions mettent à disposition des services pour les jeunes parents: l’Université de Fribourg, par exemple, dispose d’une crèche d’accueil depuis 1971. Mais selon la fondatrice de l’association JeunesParents, Karine Demierre, ce service de garde est insuffisant. Etudiante en master de travail social, Karine est aujourd’hui maman de cinq enfants. Lorsqu’elle découvre sa première grossesse, elle n’a que 16 ans. «J’ai toujours été sage. Avoir des relations non protégées a été ma prise de risque à l’adolescence.»

Depuis 2013, l’association JeunesParents se bat pour un changement de paradigme: avoir un enfant ne veut pas dire arrêter sa formation. L’association naît d’un mouvement d’entraide entre jeunes mamans, et elle propose aujourd’hui des services de conseil professionnel social et financier, des outils sur mesure, et appuie des décisions auprès des institutions. La question du moyen de garde ou des demandes de bourse est aussi au centre de l’accompagnement. D’après Karine, les jeunes parents doivent pouvoir compter sur un soutien externe. Les mots d’ordre restent l’organisation, et la volonté: «Certaines mamans adolescentes ont un côté défiant et oppositionnel qui est sain, car il permet de se battre», explique Karine. L’essentiel est de créer un espace d’écoute pour trouver des solutions propres à chaque parent.

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