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Renault : les mains noires, plongées dans la vie du constructeur

L’article en ligne – BD » Qui se cache derrière le nom d’une marque automobile connue dans le monde entier ? Voici en quelques sortes l’attrait de cette bande dessinée: nous révéler l’histoire haute en couleurs du Seigneur de Billancourt, Louis Renault.

L’ascension et la chute de Louis Renault, pionner de l’automobile. © Le Lombard
L’ascension et la chute de Louis Renault, pionner de l’automobile. © Le Lombard

Maxime Corpataux

Publié le 18.10.2021

Temps de lecture estimé : 4 minutes

L’histoire débute au tournant du XXe siècle, à Billancourt, dans ce qui n’était encore qu’une petite ville. Le jeune Louis Renault, fils d’une famille bourgeoise, a l’idée de développer des automobiles. Épaulé dans son entreprise par ses frères, la ténacité et le caractère de cochon du directeur permettent rapidement à la jeune firme de se développer et de décrocher des renommées durant des courses automobiles ou lors des salons qui viennent d’apparaître.

Est-ce que le succès enivre ses bénéficiaires ? La plupart des mortels y succombent, mais Louis Renault semble être fait d’un autre bois. Seule son usine l’intéresse et accapare ses journées, nuits, été comme hiver. « Les distractions sont pour les inconscients », voilà une critique du pionnier.

La première moitié de la bande dessinée s’intéresse principalement  à l’impact de la première guerre mondiale pour la marque de Billancourt. L’économie de guerre complique l’approvisionnement et les exigences des pantouflards de l’État-major sont irréalisables. Renault, lui, homme du terrain, ne cesse de chercher des solutions viables pour les commandes, son entreprise et ses employés. Il est intéressant d’apprendre qu’il a été un des premiers capitaines d’industrie à offrir des congés payés et des infrastructures sociales pour les travailleurs de Renault.

Puis survient la gratification suprême : grâce au char Renault, les Alliés percent les lignes allemandes et, dit-on, précipitent la fin des hostilités. A ce moment, Louis Renault est au comble de sa gloire et au commencement d’une nouvelle ère : les années folles et l’Entre-deux guerres.

Les années folles et leurs curiosités sont tout à fait étrangères à la vie campagnarde et terre-à-terre du « Seigneur de Billancourt ». Au milieu de l’histoire, c’est plutôt la figure de son principal rival français André Citroën qui s’accommode des valeurs de ces années : crédits pour ses entreprises, voitures abordables, publicité en phase avec son temps ; Renault semble être dépassé et larvé. Il n’en fut rien. Dès 1929, la vague des crises humaines et économiques s’abat sur l’Europe et décime Citroën. Renault, pragmatique, a à peine été secoué par les événements. En effet, son bon sens terrien lui invectie d’investir dans « le dur », les briques et le cidre, et d’avoir une participation majoritaire au sein de son entreprise.

La fin de la bande-dessinée décrit de manière très neutre la fin brutale du pionnier d’industrie. C’est le temps de la seconde guerre mondiale. Renault, lui, pacifiste et pragmatique dans l’âme, espère coûte-que-coûte qu’aucun conflit ne se réveille. De plus, les préparatifs français sont catastrophiques pour parer à l’armada germanique. Arrive ce qui devait arriver et survient l’Occupation. Il convient alors de se résoudre à exécuter des commandes de camions militaires. Mais les mauvaises langues lui prêtent bien sûr des affinités avec les fascistes !

1944-1945, la France est libérée. Renault, atteint psychiquement et physiquement, est interné et emprisonné pour collaboration. Mais rien ne semble être véritablement imputable au chef d’entreprise. Malgré tout, après sa mort d’épuisement, la firme connaît la nationalisation pour régénérer l’esprit français et repartir sur des nouvelles bases. L’usine de Billancourt garderait néanmoins toujours un esprit attentif à son sort.

Renault : les mains noires est incontestablement une bande-dessinée qui mérite une lecture attentive. Le graphisme y est soigné et tente d’exprimer l’essentiel : en soi, comme les pensées de Renault. Malgré tout, le vocabulaire usité peut être un peu osé pour nos temps actuels où le politiquement correct prédomine, Louis n’ayant bien sûr pas vraiment une langue de bois !


Fiche technique

Titre: Renault, les mains noires
Scénario : Antoine Lepasset
Dessin : Benéteau
Public : 12+
Édition : Le Lombard
Parution : 27.08.2021
Pagination : 80 pages
Format : 241 x 318 mm

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