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Un corps, vingt-cinq identités: Lucie Vouardoux explique son trouble dissociatif

«Je suis vingt-cinq». Porteuse d’un trouble dissociatif de l’identité, Lucie Vouardoux a pris conscience que vingt-cinq identités cohabitent dans son corps.

Un corps, vingt-cinq identités: Lucie Vouardoux explique son trouble dissociatif
Un corps, vingt-cinq identités: Lucie Vouardoux explique son trouble dissociatif

Miriam Gfeller

Publié le 11.06.2022

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Témoignage » Chacune et chacun d’entre nous a plusieurs facettes à sa personnalité. Toutefois, lorsque celles-ci sont isolées les unes des autres, cela peut devenir pathologique: c’est le cas dans le trouble dissociatif de l’identité (TDI). Laure Kalberer, psychothérapeute formée en psychotraumatologie, explique que ce trouble se forme à la suite de traumatismes dans l’enfance, lorsque la personnalité n’est pas encore structurée. Pour se protéger, l’individu créé un ou des «alters», c’est-à-dire des identités séparées, pour pouvoir fonctionner sans être envahi par son vécu traumatisant: «Ces différentes parties restent ensuite cloisonnées et peuvent se développer comme des personnalités distinctes avec leur fonction, leurs pensées, leurs émotions et leurs comportements», explique-t-elle.

Ce trouble se forme à la suite de traumatismes dans l’enfance, lorsque la personnalité n’est pas encore structurée.

C’est le cas pour les vingt-cinq identités de Lucie Vouardoux. Âgés de 3 à 32 ans, femmes, hommes ou non genrés, ses alters cohabitent dans son corps et définissent son comportement et ses envies à tour de rôle. Cela pose problème au quotidien, comme le mentionne Jade, l’alter présente lors de l’interview: «Souvent, si on nous dit qu’on a fait une certaine chose le matin, on a l’impression que c’était il y a six mois.» Selon Laure Kalberer, l’absence de souvenirs ou l’impression de ne pas être vraiment là, peuvent faire partie des indicateurs d’un TDI. Elle ajoute cependant que celui-ci est la pointe de l’iceberg, et qu’il existe un spectre de troubles dissociatifs plus fréquents.

Le diagnostic qui soulage

Lucie et ses alters ont été diagnostiqués par une psychologue en 2019, mais n’y ont vu un sens que deux ans plus tard, en tombant sur le témoignage d’une personne concernée. «C’est là que l’alter présente a compris pourquoi elle avait des envies bizarres, certaines réactions qui ne lui correspondaient pas, ça a été un soulagement», confie Jade. Pour leurs proches, cela a été plus difficile à accepter. Elle raconte: «Ils ont eu l’impression de perdre la personne qu’ils aimaient et de devoir rencontrer pleins d’étrangers.» Heureusement, après avoir fait connaissance avec chaque alter, les proches de Lucie ont compris que ceux-ci étaient là depuis longtemps, et qu’il s’agissait juste de nouveaux mots pour les désigner.

«On aimerait être nous-mêmes, mais on s’épuise à masquer nos personnalités devant certaines personnes»
Jade

Des difficultés demeurent dans les relations avec les personnes qui ne veulent pas accepter ou ne sont pas au courant de ce trouble. «On aimerait être nous-mêmes, mais on s’épuise à masquer nos personnalités devant certaines personnes», avoue Jade. Parfois un trait de caractère inattendu remonte quand même et c’est compliqué de l’expliquer. Jade aimerait prôner l’importance de s’informer sur les troubles mentaux. En confiant son incompréhension face à la malveillance et à la peur à laquelle elle a dû faire face parfois, elle réagit: «Au fond, à eux, ça ne leur change absolument rien que je sois vingt-cinq ou que je sois toute seule.»

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