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Un marxiste engagé

Yannick Vuillème, étudiant à l’Université de Fribourg, pense que la seule ­solution viable est le marxisme. Ce n’est pas l’avis du professeur Gilbert Casasus

Yannick ­dévore la ­littérature marxiste. © Marc Schaller
Yannick ­dévore la ­littérature marxiste. © Marc Schaller

Marc Schaller

Publié le 05.12.2017

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Politique »   Yannick Vuillème, 21 ans et étudiant à l’Université de Fribourg en histoire contemporaine et espagnol, est un jeune marxiste engagé. Militant pour l’instauration d’une société sans classes comme alternative au capitalisme, il est délégué national pour la section neuchâteloise des jeunes POP, le Parti ouvrier et populaire. Ce Chaux-de-Fonnier observe l’attrait qu’exercent les partis de gauche sur les jeunes: «La jeunesse est un moment d’ébullition où tu découvres le monde et tu es plus enclin à réagir.»

Gilbert Casasus, professeur en études européennes à l’Université de Fribourg, corrobore les propos de Yannick: «L’esprit critique est normalement beaucoup plus important chez les jeunes que chez les personnes qui, insérées dans les processus du travail, doivent se soumettre à ses règles.» Si les jeunes sont plus disposés à remettre le système en question, Yannick doute que le temps émoussera ses convictions: «La seule solution viable, c’est le marxisme», affirme-t-il, catégorique.

Gilbert Casasus n’est pas du même avis: «Aujourd’hui, le marxisme n’a aucun avenir. D’ailleurs, il n’a pas le vent en poupe en comparaison avec d’autres périodes de l’histoire», soutient-il.

Pour Yannick, le communisme est aussi une demande d’alternative de la part du peuple: «L’état actuel du monde fait un peu penser à ce qu’on voit avant les Première et Seconde Guerres mondiales», remarque-t-il. «Dans un monde où la crise est généralisée, avec Trump et plus récemment la crise identitaire en Catalogne, les citoyens réclament une solution. Plus les inégalités sociales se creusent, plus on demande une alternative, comme le marxisme.» Le professeur en études européennes relativise: «Ceux qui sont victimes des inégalités ne sont pas forcément ceux qui adoptent une position critique ou marxiste.»

Victime de son histoire

«Les classes dominantes ont réussi à associer communisme et Goulag», se fâche Yannick. «Les préjugés qui touchent les marxistes sont attisés par les capitalistes», ajoute-t-il. Si Gilbert Casasus convient du lien immuable qui s’est fait entre le communisme et les dérives qui lui sont associées, cela illustre surtout pour lui les limites du communisme: «Le communisme est lié à une forme de dictature, stalinienne ou léniniste. Si l’idéal communiste existe, la réalité communiste est dévastatrice.»

Pour Yannick, «le capitalisme jouit d’une certaine impunité. Il est pourtant responsable du massacre des Amérindiens ainsi qu’initiateur de la politique d’apartheid. Si le capitalisme n’a pas à craindre de sanctions, cela est dû à sa position dominante dans nos sociétés», ­déplore-t-il.

«L’histoire est écrite par les vainqueurs», résume Gilbert Casasus. Et Yannick de conclure avec une citation de l’historien et politologue américain Howard Zinn: «Tant que les lapins n’auront pas d’historien, l’histoire sera racontée par des chasseurs.»

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