La Liberté

Un polar chaleureux et coloré

L’article en ligne – Critique BD « En quête de vérité » est le premier volume d’une série fraîchement parue chez Dupuis sous le titre « Dans les yeux de Lya », qui propulse dans l’enquête d’une héroïne déterminée à retrouver le responsable de sa paraplégie.

Pour se faire justice, Lya va investiguer sur une histoire sournoisement conclue qui lui coûta ses jambes. © Dupuis
Pour se faire justice, Lya va investiguer sur une histoire sournoisement conclue qui lui coûta ses jambes. © Dupuis

Hai Yen Pham

Publié le 10.04.2019

Temps de lecture estimé : 3 minutes

À la veille de ses dix-sept ans, Lya est renversée par une voiture qui la laisse pour morte et prend la fuite. Elle n’y perd pas la vie, mais s’en sort avec une paraplégie qui aurait pu être évitée si le chauffard avait appelé les secours. Cet accident la cloue sur un fauteuil roulant pour le restant de ses jours. Une situation que Lya gère avec une volonté et une dignité exemplaires puisque, quelques années plus tard, elle termine ses études juridiques et décroche un stage dans l’étude d’avocats la plus en vogue de la ville. Son choix n’est pas fortuit : il s’agit de l’étude du célèbre et arrogant Martin de Villegan. Lya a découvert par hasard que c’est cette même étude qui, quelques années auparavant, avait réglé son cas. Contre une importante somme d’argent et à son insu, ses parents avaient retiré leur plainte contre la personne responsable de l’accident. Mais Lya est bien résolue à retrouver son identité pour se venger et, après avoir intégré la boîte, se met en quête du dossier.

Ce scénario plutôt ordinaire de prime abord est exploité avec légèreté, autant par l’optimisme des personnages que par le dessin naïf mais élégant de Justine Cunha. Ce premier album permet de poser le décor et les enjeux de l’enquête d’une protagoniste audacieuse dont les intentions se dévoilent rapidement, nous entraînant avec enthousiasme dans ses recherches. On suit ses débuts dans un cabinet chic occupé par des gens plus ou moins aimables. Elle doit contourner ces derniers pour trouver un accès à l’ultime antre où elle espère trouver le fameux dossier : les archives. Si l’intrigue reste simple, les personnages, pour l’heure assez manichéens, sont pour le moins touchants. Le choix d’une protagoniste handicapée se déplaçant en fauteuil roulant fait la singularité du récit, sans pour autant sombrer dans le larmoyant et l’apitoiement. Son sentiment de révolte envers une personne que l’argent sauve de tout se transmet vivement et l’on aspire avec elle à une meilleure justice. Le soutien de ses proches constitue aussi un aspect engageant des relations entre les personnages. Malgré une trame peu révolutionnaire, Carbone impose un suspense tangible au fil des pages et un récit dynamique.

Si la couverture harmonieuse de ce volume sait attirer le regard, c’est grâce au travail soigné de Justine Cunha dont c’est la première bande dessinée. Avec des tons très chauds avoisinant souvent le rouge et le mauve, elle donne au récit une atmosphère un peu candide, mais surtout chaleureuse. Les personnages témoignent d’une certaine influence de l’univers manga et leurs traits doux rendent la lecture apaisante. Bien que la série semble plutôt se destiner à un public adolescent, ce premier album peut se lire d’une traite par n’importe qui, représentant en somme une belle collaboration créative. Une affaire à suivre.

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