La Liberté

Une nuit de Maraude

Chaque soir de la semaine, une équipe de «maraudeurs» tourne dans la capitale vaudoise pour venir en aide aux plus démunis. Immersion

A Lausanne, les ­maraudeurs proposent une distribution de vivres, mais aussi de l’écoute et un moment de partage. © Mona Heiniger
A Lausanne, les ­maraudeurs proposent une distribution de vivres, mais aussi de l’écoute et un moment de partage. © Mona Heiniger

Mona Heiniger

Publié le 16.01.2018

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Société »   21 h 45, locaux de la soupe populaire de Lausanne: une dizaine de personnes s’active. Pas de doute, une «Maraude» s’organise. Tous les jours de la semaine, des volontaires appelés «maraudeurs» distribuent nourriture, boissons, habits et couvertures aux personnes dans le besoin dans les rues de la ville. Après la répartition dans les voitures des invendus de boulangerie, du thé, du café, des restes de la soupe populaire, du riz et des habits à distribuer, le cortège démarre pour la première halte, le sleep-in à proximité de Malley.

A peine arrivés, ils installent nourriture et boissons. Trois jeunes hommes s’approchent et sont servis par les maraudeurs. L’un d’entre eux demande si les maraudeurs auraient une paire de chaussures à sa taille. Jour de chance, les souliers amenés lui vont. D’autres arrivent tandis qu’un dernier maraudeur rejoint le groupe. «J’attendais que mes cuchaules finissent de cuire!», s’excuse Claude, Gruérien d’origine, cuchaules encore chaudes et moutarde de Bénichon maison sous le bras. Un migrant téméraire goûte; «Do you like it?», demande Claude. Une grimace de surprise lui est retournée en guise de réponse, puis l’équipe remballe le tout pour la ­seconde destination: la place de la Riponne.

«Une manière de rendre»

Le voyage est l’occasion de parler des motivations des maraudeurs. Raoul, participant à sa première Maraude, explique: «Mes parents et grands-parents sont venus en Suisse à cause de la dictature au Chili. Leurs débuts n’ont pas été faciles, ils ont bénéficié d’aides. C’est pour moi une manière de rendre ce que l’on a reçu.»

Place de la Riponne, les voitures sont déchargées à proximité d’une tenture et de quelques bancs. Les premières personnes arrivent. Les plus bavards saisissent l’occasion de demander un peu de lait pour commencer une conversation. Virginie, présidente de l’association Les amis de la Maraude, détaille: «Il faut être conscient que la Maraude apporte à tous ces gens quelque chose qui va au-delà de manger ou boire. On les écoute et on leur donne de la valeur.»

Echanges enrichissants

Le dernier lieu de la tournée est la place Chauderon. En ce jeudi soir, des noctambules croisent le petit groupe réuni sous la tente du marché de Noël. Un jeune couple de sortie voit les gobelets de thé dans toutes les mains et s’approche timidement: «Est-ce qu’on peut en avoir?» Les maraudeurs leur expliquent leur présence, ils sont touchés par la démarche. La soirée, enrichissante pour tous, se termine à une heure du matin. «Chaque soir, les gens disent merci aussi pour avoir échangé et parlé de leurs problèmes. La société les marginalise. Nous les démarginalisons et les humanisons. Ils ont des parcours de vie incroyables et nous apportent autant que nous leur apportons», conclut Virginie. 

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11