«Avant d’être le saint patron de Fribourg, je suis surtout l’évêque de Myre, en Turquie. C’est d’ailleurs de là-bas que je pars pour faire ma tournée annuelle. Je donne aussi parfois des messes entre mes voyages, quand j’ai une journée de libre, bien que je sois fréquemment en déplacement. Je ne me rends pas seulement à Fribourg, mais je voyage partout, par exemmple en Russie ou en Croatie. Je visite d’autres villes, d’autres régions, d’autres enfants, accompagné de mon âne et de mes Pères Fouettards.

Mon rôle est de vérifier si les petits ont été sages durant l’année, c’est mon occupation principale. Pour cela, je me renseigne auprès des parents et de leurs enseignants. J’organise ensuite une visite surprise aux enfants. Ils sont souvent impressionnés, quelque peu intimidés également, en me voyant entrer, et effrayés par mes hommes en noir. C’est vrai qu’ils sont là pour punir les petits désobéissants. Mais ils ne devraient pas avoir peur, car mes Pères Fouettards ne se sont pas servi de leurs verges depuis si longtemps que je me demande parfois s’ils savent encore les manier. J’en suis fort aise, car il est vrai que je préfère la distribution de biscômes aux petits – et parfois même aux grands – pour les encourager à rester sages.

Avec l’âge, mes voyages à travers le monde dans un froid parfois glacial deviennent difficiles. Mais il me suffit d’apercevoir un seul sourire d’enfant pour que j’en oublie tous mes soucis. Ce sont ces instants-là qui me remplissent le cœur de joie et me rappellent à quel point les petits comptent sur moi. Cela me rappelle l’importance de ce travail. Mon âne, lui, est moins enthousiaste. Il faut dire que c’est lui qui fait le plus d’efforts. Par chance, certains enfants ne l’oublient pas et lui donnent carottes et caresses.» Fanny Sommer