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Plans verts

Notre édition spéciale climat est l’occasion de faire le point sur les petits gestes que nous pouvons tous faire afin de préserver un peu mieux l’environnement. Alors que certains gestes paraissent intuitifs, d’autres sont au contraire surprenants.

Plans verts © Etat de Fribourg
Plans verts © Etat de Fribourg

Aude-May Lepasteur

Publié le 14.03.2019

Temps de lecture estimé : 7 minutes

Vaut-il mieux faire sa vaisselle à la main ou au lave-vaisselle?

Esclaves de la plonge de tous les pays, il est temps de secouer vos chaînes! Nettoyer la vaisselle à la main n’est pas un geste écologique. Car vous utilisez ce faisant beaucoup plus d’eau chaude. Or, pour chauffer toute cette eau, il vous faut plus d’électricité que n’en consomme votre lave-vaisselle (pour autant que celui-ci respecte les nouvelles prescriptions en matière de consommation énergétique). Je vous entends objecter que vous, vous n’employez qu’un tout petit litre d’eau glacée pour les couverts, verres et assiettes de votre famille. Je n’aimerais pas être de corvée de torchon à votre domicile. Que ceux qui craignent de souffrir de crevasses sur leurs mains délicates prennent bien garde à remplir leur lave-vaisselle jusqu’à ladite garde avant de le faire tourner. Et qu’ils optent pour du courant écologique, si possible du solaire. Selon les experts, cela divise par dix l’empreinte carbone de votre machine.


Vaut-il mieux utiliser une tasse à café jetable ou une tasse lavable?

Vous allez être choqué: s’il s’agit d’un seul et unique café, la tasse jetable peut être moins polluante que la tasse lavable. C’est le cas qu’elle soit en carton ou en plastique, pour autant qu’elle pèse moins de 5 grammes (sortez vos balances de précision). Cependant, cependant… En général, les gens se débarrassent de la tasse jetable après une utilisation, alors qu’ils utilisent la tasse lavable 2, 3, 4, 5 fois dans la journée sans la nettoyer. N’ayez pas l’air gêné, vous allez bientôt pouvoir faire passer votre paresse coupable pour un geste militant en faveur de notre belle planète; car lorsque vous réutilisez votre tasse plusieurs fois avant de la laver, vous la rendez écologiquement plus intéressante que la tasse jetable. Quant aux zélateurs les plus ardents, ceux qui sont prêts à tous les sacrifices pour réduire leur empreinte carbone, nous leur conseillons l’option radicale: buvez directement à la machine à café.


Vaut-il mieux miser sur le bio importé ou le non-bio local?

Avec celle-ci, on ne va pas se faire des amis. Acheter du bio importé peut être écologiquement plus responsable que d’acquérir du non-bio local. Comme dans le cas de l’emballage, la pollution générée par le transport depuis, mettons, le sud de l’Europe reste relativement restreinte (je sais, moi aussi je n’arrive pas à y croire).
A cela s’ajoute que produire local (même bio) peut parfois signifier consommer davantage d’énergie. C’est le cas quand on fait pousser par chez nous des légumes ou fruits sous des serres aussi chaudes que la musique de la Compagnie créole. C’est le cas aussi quand on importe du soya du Brésil pour engraisser une volaille 100% helvétique. La solution, vous la connaissez: manger bio ET local ET de saison, ET renseignez-vous auprès des producteurs sur leurs méthodes. J’ai essayé ce matin à propos des épinards et la dame qui me servait ne m’a pas mangée.


Vaut-il mieux remplacer son vieil électroménager ou le garder?

Il vaut mieux remplacer son vieil électroménager. L’énergie grise utilisée pour fabriquer et détruire un appareil est avantageusement compensée pour autant que le nouvel appareil consomme 30% de moins que l’ancien. Pour les voitures, la différence doit être d’au moins 2 litres aux 100 kilomètres. Mais attention, il faut s’assurer que votre ancien électroménager ou ancienne voiture ne polluent plus, à savoir qu’ils doivent être détruits. Ce bruit? C’est le hurlement de toute une génération qui vient de se retourner dans sa tombe en entendant ça. N’en déplaise à grand-maman et grand-papa, pour qui le «gaspi» était le pire des gros mots, vous pourriez même «jeter» vos machines le lendemain de leur acquisition. Par exemple si dans un moment d’exaltation vous avez craqué pour un tank (400 l/100 km) et que le lendemain, revenu à de plus pacifiques dispositions, vous vous sentez prêt à opter pour une smart (5-6 litres).


Vaut-il mieux envoyer une lettre ou un e-mail?

N’en déplaise aux romantiques, il est difficile au XXIe siècle de mener une vie épistolaire. Partons donc de l’idée que la correspondance écrite est réservée aux cartes postales amicales et aux fâcheuses communications de l’autorité fiscale. C’est probablement mieux ainsi, car un simple mail ne compte vraiment pas lourd dans la balance écologique. Par contre (eh oui, ça aurait été trop facile sinon), cela ne veut pas dire que votre utilisation des nouvelles technologies est sans impact. On ne peut plus ignorer aujourd’hui la gourmandise énergétique des serveurs. Que faire dès lors? L’idéal, ce serait de s’assurer que ceux de votre fournisseur fonctionnent à l’électricité verte. Mais comme vous ne savez même plus qui vous fournit votre accès internet, vous pouvez déjà commencer par trier vos photos et vidéos (j’entends par là jeter la majorité d’entre elles) avant de les stocker en ligne.


Vaut-il mieux adopter un chat ou un chien?

Dans leur livre Time to eat the dog?, paru en 2009, Brenda et Robert Vale comparent l’empreinte écologique d’un chat, d’un chien, et de diverses voitures. Le résultat ne devrait pas ravir 30 millions d’amis. Si un chat pollue légèrement moins qu’une Golf, un berger allemand aurait un impact similaire à un Land Cruiser, selon les chercheurs néo-zélandais. Ajoutez à cela que le premier est une machine de guerre à démembrer les oiseaux (dur-dur pour la biodiversité) et le second une machine à crottes (dur-dur pour les trottoirs). Mais comme personne ne veut réellement passer Minouche et Médor à la casserole, que faire? Commencer par éviter de les nourrir avec des produits de luxe, tels que des morceaux de viande choisis ou du poisson. Et quand ils meurent de leur belle mort, vous rabattre sur les hamsters. Saviez-vous qu’en avoir deux ne pollue pas davantage qu’une télévision?


Vaut-il mieux acheter du non-bio pas emballé ou du bio emballé?

Je ne serais pas fidèle à moi-même si je n’en profitais pas pour vous culpabiliser un peu. La réponse est ni l’un ni l’autre: bougez vos fesses jusqu’au stand bio de votre marché local. Mais comme je suis la première à ne pas suivre cette recommandation… Si vous prenez tout en compte (la pollution provoquée par la fabrication de l’emballage puis par sa destruction, la pollution des sols par l’agriculture traditionnelle, la disparition des insectes, etc.), il semble que vous devez choisir le bio emballé. L’emballage ne représente que quelques dizaines de grammes de CO2, que vous pourrez compenser beaucoup plus facilement (en achetant moins de viande, en prenant le bus plutôt que la voiture, ou le vélo plutôt que le bus) que la perte dramatique de biodiversité dont souffrent nos campagnes. Essayez donc de vous lancer dans l’élevage de sauterelles et coléoptères. Vous m’en direz des nouvelles.

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