Ce qui fait la photographie animalière
Aude-May Lepasteur
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Pense-bêtes
C’est un renard roux, la tête délicatement penchée en avant. Tout contre son corps (tout contre son cœur?), un renard blanc. La scène, imprimée sur le fond cotonneux de l’hiver arctique, dégage une grande douceur. Et une immense beauté. Pas étonnant qu’elle ait reçu en 2015 le grand prix du Wildlife Photographer of the Year, concours international organisé par le Musée d’histoire naturelle de Londres.
Pourtant, passé le premier regard, on ne peut qu’être saisi d’effroi. Car ce n’est pas un instant de tendresse que Don Gutoski a capturé là, mais un moment de prédation. En témoignent les taches rouge sang qui maculent le pelage autrement éclatant. Avec le réchauffement climatique, le territoire du renard roux s’étend vers le nord, rencontrant celui de son cousin plus petit, qui devient dès lors une victime potentielle.
Le malaise est réel, il traverse la rétine pour s’inscrire durablement dans le cortex. Littéralement vidé de sa substance, le renard arctique n’