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De l’autre côté du miroir

A Rue, le surréalisme de José Roosevelt côtoie les sculptures de Jacques Basler

José Roosevelt rendant hommage à La Jeune Fille à la perle de Vermeer. © Alain Wicht
José Roosevelt rendant hommage à La Jeune Fille à la perle de Vermeer. © Alain Wicht

Maxime Papaux

Publié le 05.05.2022

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Glâne » C’est en la galerie de Rue que José Roosevelt accroche une ultime fois ses huiles. Ayant rangé ses pinceaux en 2015 pour se consacrer exclusivement au 9e art, il présente ses dernières toiles ainsi que plusieurs œuvres encore jamais exposées. Les sculptures de Jacques Basler jalonnent quant à elles les peintures et dessins de son invité, sur les trois étages de la maison-galerie. Habitées de volatiles, les récentes œuvres de bois et d’acier du maître des lieux insufflent dans la matière la légèreté de l’éther. Aussi, l’exposition offre-t-elle de (re)découvrir Il riposo di Eolo (le repos d’Eole), le premier bronze réalisé par le sculpteur dans la fonderie italienne avec laquelle il collabore depuis 1988.

Né à Rio de Janeiro en 1958, José Roosevelt a développé sa pratique en autodidacte et a présenté ses premières expositions au Brésil avant de s’installer en Gruyère puis à Lausanne il y a plus de trente ans. Entre peinture et bande dessinée, l’artiste s’exprime dans un langage surréaliste qui traduit dans un remarquable réalisme pictural les irrationnelles et indicibles visions de la psyché: «La peinture surréaliste retourne et regarde ce qu’il y a derrière la réalité. Je dirais que c’est un message d’un inconscient, celui de l’artiste, vers un autre inconscient, celui du spectateur. Plus les images et les idées visuelles qui me viennent à l’esprit sont mystérieuses, plus elles me plaisent. On peut chercher une interprétation, mais est-ce vraiment le but de l’art?», interpelle-t-il.

Hommage aux maîtres flamands

Foisonnant de vies et de références, les dernières huiles de José Roosevelt rendent hommage aux maîtres flamands Vermeer, Rembrandt et Van Gogh ainsi qu’à Lewis Carroll et sa fameuse Alice, «un livre surréaliste avant l’heure», remarque-t-il. Ainsi en va-t-il d’Alice et la poire, la dernière toile du peintre réalisée en 2015. Tenant entre ses mains une poire (objet pictural fétiche de l’artiste) qu’elle contemple sur fond de jeu d’échecs et de cartes, la jeune fille est entourée de deux laitières de Vermeer tandis qu’une porte dérobée ouvre sur la Route avec un cyprès et une étoile de Van Gogh. Les couleurs chatoyantes des œuvres sont quant à elles le fruit d’un long apprentissage par lequel le peintre a progressivement réduit sa palette à douze teintes porteuses de lumière.

Mais alors, pourquoi déposer les pinceaux après plus de quatre décennies de peinture? «Depuis 2008, il y a eu des périodes de latence et de reprise. En 2015, quand j’ai terminé Alice et la poire, je me suis dit: «Là, j’arrête.» C’était devenu évident que j’avais dit tout ce que j’avais à dire en peinture. Tandis qu’en bande dessinée, où je suis à la fois auteur de scénario et dessinateur, raconter des histoires, créer des personnages et les faire évoluer m’inspire et m’enthousiasme toujours beaucoup. Mais la peinture continue à influencer la composition très rigoureuse de mes planches. Ce n’est donc qu’un aspect du voyage qui s’est arrêté en 2015», explique José Roosevelt. Au plaisir de suivre l’auteur de bandes dessinées au fil des aventures de Juanalberto Maître de l’Univers (éditions du Canard) précède aujourd’hui l’impératif de ne pas manquer l’exposition d’adieu d’un brillant peintre et coloriste surréaliste. Jacques Basler travaille quant à lui actuellement sur un Arbre de vie pour la commune de Rue: «Il s’agit d’une sculpture réalisée directement en bronze, ce qui est presque impossible. Elle sera installée en juin dans le nouveau jardin public situé sous le château», informe-t-il.

Jusqu’au 22 mai. Me-ve 17 h-20 h, sa-di et fériés 14 h-20 h, Galerie de Rue, rue du Casino 42, Rue.

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