Des petits riens titanesques
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Matthias Zschokke » L’auteur alémanique, qui vit à Berlin, ressasse le quotidien jusqu’à la lie dans Le Gros Poète.
Il ne se passe presque rien. Ou si peu. Le Gros Poète tient de l’antiroman, de l’absence d’intrigue, d’une volonté de non-spectaculaire. Et pourtant les longues phrases happent, elles arrachent au brouillard de la pensée. Non pas qu’elles y mettent de l’ordre. Mais dans sa manière de ressasser le quotidien autant que les lectures embrouillées dans l’esprit, Matthias Zsochokke dit la force d’une existence, d’une vie, même si elle est dérisoire.
Son roman a d’abord paru en allemand au début des années 1990. Le mur de Berlin vient de tomber, mais l’Histoire ne s’est pas engouffrée dans sa littérature à lui. Si le paysage urbain de Berlin, où il vit, le marque assurément, ou marque son roman, c’est plutôt par défaut, parce qu’il faut bien situer le roman quelque part. On y sent en partie les chantiers, la transformation en marche. Mais l’écrivain suisse recon