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Moyen-Orient: dangereuse polarisation

Publié le 02.11.2017

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Au Moyen-Orient, à part au Yémen où la violence armée se poursuit, les conflits locaux semblent se calmer ou s’essouffler. Pas de nouvelle Intifada en Palestine, mais un rapprochement Hamas-Fatah. Daech a été mis pratiquement hors course militairement en Irak et en Syrie. Dans ce dernier pays, toutes les oppositions sont en nette perte de vitesse et souffrent de fractures internes toujours plus insurmontables.

Mais le plus difficile reste à affronter: la reconstruction d’après-guerre et le rétablissement d’un certain ordre régional. Les forces locales vont vouloir le pouvoir total ou partiel, mais les puissances étrangères veulent aussi leur place. Les Iraniens sont présents un peu partout, tant à Beyrouth qu’à Damas ou à Bagdad (bientôt à Sanaa?); leur imperium est politique, économique et idéologique. En outre, Téhéran entretient une relation très positive avec Pékin: fin juillet, le New York Times rapportait que la Chine concentre sur l’Iran une large partie de sa «route de la soie», ce projet grandiose visant à relier l’Empire du Milieu à l’Europe. Vu de Pékin, l’Iran est un pays clé et la Chine est déjà son premier partenaire économique. Les deux Etats partagent également un même souci: contrer l’extrémisme sunnite. A Washington, Trump chante une tout autre chanson. Il vomit l’Iran, accablé de tous les maux, notamment celui de soutenir le terrorisme international, et il veut dénoncer l’accord sur le nucléaire.

Parallèlement, il renoue spectaculairement avec l’Arabie saoudite comme si c’était un pays modèle, ce qui enchante le Gouvernement israélien de Netanyahou, peu soucieux de la paix régionale. Après avoir combattu ensemble l’Etat islamique, les USA, l’Iran et la Russie suivent désormais des stratégies différentes. C’est ainsi que se dessinent, sur le plan international, un couple prochiite (Chine-Iran) et un couple prosunnite (Etats-Unis et Arabie saoudite). Cette configuration entraîne une polarisation des influences et la résurgence d’un djihadisme post-Etat islamique. Seul Moscou semble tenter de surmonter ce dangereux antagonisme. Après avoir provisoirement sauvé Assad, Poutine continue de soigner son alliance avec l’Iran sans cesser d’entretenir de bonnes relations avec le premier ministre israélien. Et en même temps il accueille les chefs palestiniens du Hamas et ceux du Fatah. Il s’est aussi rapproché de la Turquie tout en cultivant ses liens avec les Kurdes de Syrie et d’Irak. En outre, il a reçu à Moscou le roi Salman d’Arabie saoudite.

En résumé, deux des grands (Etats-Unis, Chine) ont choisi chacun l’un des deux camps. En parlant à tout le monde dans la région, la Russie n’entre donc pas dans le jeu de la polarisation qui s’opère au Moyen-Orient. Pour autant, serait-elle prête à devenir la puissance médiatrice dont la région a tant besoin? Seul l’avenir le dira.

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