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La cornemuse teinte le «Ranz des vaches»

Etienne Mounir, directeur musical d’Avenches Tattoo, a réarrangé le célèbre chant gruérien. Il s'explique.

La cornemuse teinte le «Ranz des vaches»
La cornemuse teinte le «Ranz des vaches»
Les ­cornemuses seront bien sûr à l’honneur lors du Tattoo. © Alain Wicht
Les ­cornemuses seront bien sûr à l’honneur lors du Tattoo. © Alain Wicht

tAMARA bONGARD

Publié le 01.09.2016

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Broye » Des tambours, de la cornemuse et, cette année, quelques bredzons. Avenches Tattoo, la manifestation de musique militaire qui investit les arènes ce soir et jusqu’à samedi, met un coup de projecteur sur le patrimoine gruérien. Ce district du sud du canton de Fribourg est l’invité de marque de ce rendez-vous qui compte de nombreux groupes prestigieux nationaux et internationaux. L’événement, réunissant plus de 20'000  spectateurs à chaque édition, accueillera ainsi le Chœur des armaillis de la Gruyère, le syndicat d’élevage de la race bovine rouge et noir de Sâles avec une douzaine de bêtes et des cors des Alpes.

En apothéose de ces deux heures de concert où les formations se succéderont, le «Ranz des vaches», réarrangé par le directeur Etienne Mounir, sera interprété par les célèbres choristes portant le bredzon, accompagnés de 500 musiciens venus d’Europe et d’Océanie qui ont appris ce chant mythique fribourgeois. Ce Valaisan, qui pour la seconde fois se charge de la direction musicale de l’événement, a à nouveau essayé de lui donner une touche personnelle et originale. Interview quelques jours avant les concerts.

- Pourquoi avoir choisi le «Ranz des vaches» comme final?

Etienne Mounir: Cette année, l’hôte d’honneur est la Gruyère et le «Ranz des vaches» est presque une pièce nationale. Pour la Suisse romande, c’est un morceau emblématique. Il réunit tout le monde, ce qui est le but du final.

- Pourquoi avez-vous décidé de réarranger ce morceau?

Pour deux raisons. Je n’adapte pas le «Ranz des vaches» de manière contemporaine parce que parfois cela pose quelques soucis… (la version jazzy de Gonzague Monney avait beaucoup fait parler l’année passée, ndlr). Un tattoo est une rencontre de différents ensembles militaires de plusieurs nations. Pour interpréter ce morceau, j’ai donc dû l’orchestrer différemment selon les instruments à disposition. Mais il y a également un instrument naturel supplémentaire, la cornemuse, qui ne peut jouer toutes les notes. Le but étant de fusionner musicalement tous les participants, avec le chœur, le soliste et la cornemuse, j’ai simplement adapté le morceau.

»Ce n’est pas une grande orchestration, mais c’est nouveau. J’ai gardé la structure, l’harmonie de base et j’ai intégré la cornemuse au refrain final, ce qui donne une couleur différente à la pièce.

- Des versions du Ranz des vaches pour chœur et cornemuse existaient-elles déjà?

Pas à ma connaissance, mais des versions avec cor des Alpes existent. Pour le final, nous commencerons par une pièce classique, Lohengrin de Wagner, ensuite nous intégrerons les cornemuses par un chant typique que j’ai réarrangé, puis la transition sera assurée par un Avenches Funk où les cornemuses jouent très vite. Roulez tambours, qui est une marche suisse, permettra de passer à la partie helvétique de ce final, suivi du «Ranz des vaches», dont le refrain sera repris par le public, je l’espère. Pour la première fois, la dernière pièce du concert sera La Retraite, rarement jouée. C’est symbolique, car Tattoo veut dire retraite.

- Les 500 musiciens joueront-ils en même temps que le Chœur des armaillis de la Gruyère? Les chanteurs devront donner de la voix pour se faire entendre…

Le chœur est sonorisé et j’ai fait en sorte que nous trouvions un équilibre, mais nous pourrons faire la balance seulement le jour J. J’ai fait en sorte que la mélodie de base soit toujours dominée par le chœur. Mon problème numéro 1 est que je ne connais pas la qualité musicale de chaque musicien de chaque ensemble, qui peut venir aussi bien de la Grèce que de la Nouvelle-Zélande. Dans ma tête j’ai un concept mais le jour de la première (ce jeudi soir, ndlr), la qualité musicale, la disposition des musiciens – que nous changeons cette année –, la spécificité des arènes qui ont 2000 ans et qui acoustiquement sont différentes… il faudra tenir compte de tout.

- Justement, les arènes sont-elles un atout ou un désavantage pour les musiciens?

Pour moi personnellement, c’est magique. Pour le public, c’est également génial, tout comme pour les interprètes car le décor des arènes est bien différent d’une salle de gym. Mais c’est un défi pour les musiciens en raison du décalage sonore qu’ils y ressentent.

Je 20h30, ve 17h30 et 21h, sa 17h et 21h Avenches, Arènes.

Programme sur www.avenchestattoo.ch

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