Conduire des enfants sur le chemin toujours plus périlleux de la vie, c’est encore et toujours leur donner des lignes de conduite et une bonne boussole. Cette mission s’avère difficile en un temps où les réseaux numériques mettent les enfants en résonance d’un monde extérieur de convoitises susceptibles de réduire à un petit filet la source de vie profonde qui les habite.

Fort d’une expérience déjà longue à la tête d’un cycle d’orientation, Frédéric Ducrest a excellemment dit dans ce journal son inquiétude de voir toute une jeunesse peu consciente des multiples dangers encourus en consommant sans retenue ce nouvel opium qu’est internet (7.1, «Le réseau social TikTok… ou le supplice chinois!»). Il en appelle à la responsabilité des autorités politiques afin qu’elles prennent conscience des conséquences pour les jeunes de l’émergence de ces technologies qui s’emballent dangereusement.

Pour les parents, restreindre l’utilisation de ces gadgets informatiques à leurs enfants et en surveiller le contenu est une tâche ardue, mais pas impossible. Car nager à contre-courant du monde d’aujourd’hui demande de la force et du courage.

Pour les grands-parents, comment dire à leurs petits-enfants qu’ils ont eu la chance d’avoir été privés de ces gadgets qui propagent tant de violences et de stupidités? Et d’avoir aussi pu fréquenter une école où le maître avait encore plein pouvoir pour conduire avec bienveillance et fermeté ses élèves sur le chemin du savoir et de la connaissance?

Il serait faux de croire qu’il n’y a pas d’autre choix que de s’abandonner à la révolution technologique. Et se résigner à en accepter ses méfaits serait renoncer à notre humanité.

Robert Ayer, Rossens