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Filières en manque d’apprentis

Page Jeunes - Formation • Ferblantier, électricien, agriculteur ou carreleur… Autant de métiers qui souffrent du désamour des jeunes en formation. Question de génération?

Filières en manque d’apprentis
Filières en manque d’apprentis

Audrey Molliet

Publié le 19.06.2015

Temps de lecture estimé : 3 minutes

«Il n’y a plus d’adéquation entre la formation des apprentis et le marché du travail», constate tristement Claude Mauron. Le directeur de l’entreprise d’installations sanitaires et de ferblanterie Robert Mauron SA se désole de ne pas parvenir à trouver du sang neuf pour son commerce. «L’année dernière, je n’ai pu engager aucun apprenti de première année», constate-t-il. Et Claude Mauron n’est pas le seul dans cette situation. Comment l’expliquer? La nouvelle génération, habituée au numérique, se désintéresserait-elle des travaux plus manuels?

Poussés vers le collège

Pour Margaux Vallat, 20 ans, apprentie employée de commerce de 3e année dans une entreprise d’électricité fribourgeoise, la raison se trouve en partie dans les choix proposés aux élèves en passe de terminer leur scolarité obligatoire. «Lorsque l’on est en section générale ou prégymnasiale on nous pousse directement vers des études. En prégymnasiale, on ne nous parle même pas d’apprentissage.» Pourtant, actuellement, avec les diverses passerelles et le système de maturité professionnelle intégrée, un apprentissage ouvre autant de portes qu’un cursus gymnasial. «Je peux vous garantir qu’un jeune qui passe par une formation pratique et ensuite par une haute école pourra choisir son employeur, son salaire… et la marque de sa voiture!», explique Claude Mauron.

Des métiers de rêve

Toutefois, malgré la flexibilité et les avantages de la formation duale, de nombreux employeurs se retrouvent sans apprenti à la fin de l’année. Et de nombreux jeunes sans place d’apprentissage… «En général, sur 1600 places annoncées, il en reste environ 80 qui n’ont pas trouvé preneur», détaille Marc Chassot, directeur du Service de l’orientation professionnelle et de la formation des adultes pour le canton de Fribourg. «Il s’agit plutôt de secteurs comme celui de l’agriculture, de l’hôtellerie et du bâtiment.»

Les places d’employé de commerce et gestionnaire de détail sont quant à elles complètes, voire avec un trop-plein de candidats. Ces métiers ont-ils une patine glamour qui fait défaut à d’autres? «Il y a toujours des métiers «de rêve» qui attirent plus de monde, concède Marc Chassot. Certains profitent d’une meilleure image que d’autres, ou sont simplement plus connus.» Nombreux sont les jeunes qui se dirigent vers une formation moins typée car elle paraît plus variée et flexible. «Employée de commerce est vraiment une filière tremplin. Très peu de mes collègues ont décidé de continuer dans ce domaine par la suite», souligne Margaux.

Dès lors, risque-t-on une pénurie d’électriciens, de charpentiers, de ferblantiers…? Pour Marc Chassot, il s’agit surtout de tendances qui évoluent au cours des années. Pour Margaux, c’est aussi une question de génération: «Aujourd’hui, les jeunes sont plus frileux et ne veulent pas se salir les mains. Ils préfèrent travailler dans un bureau.» Mais Claude Mauron avoue son inquiétude: «En ce moment, il n’y a pas une seule personne avec un CFC sur le marché dans mon domaine. Je crains une pénurie de personnel.» Espérons que des stratégies comme le passeport des métiers ou le forum Start! réussiront à raviver l’intérêt des jeunes pour les métiers manuels.

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