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Fribourg, une ville accessible à tous?

Page Jeunes - Dis-moi tout! • Les villes ne sont pas toujours adaptées aux personnes qui vivent avec un handicap. Trois jeunes témoignent de la situation fribourgeoise.

Tito Pedrini, auxiliaire aux Buissonnets © Valérie Vuille
Tito Pedrini, auxiliaire aux Buissonnets © Valérie Vuille
Nicolas Bramaz, technicien en informatique et sourd. © Valérie Vuille
Nicolas Bramaz, technicien en informatique et sourd. © Valérie Vuille
Dann Dupraz, employé de commerce et aveugle. © Valérie Vuille
Dann Dupraz, employé de commerce et aveugle. © Valérie Vuille

Valérie Vuille

Publié le 05.09.2014

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Tito Pedrini

> 23 ans, auxiliaire aux Buissonnets

«Fribourg n’est pas la meilleure ville pour les personnes en chaise roulante. On a souvent de la peine à trouver des parcours plats et certains aménagements manquent. En Basse-Ville, les pavés sont magnifiques mais c’est très dur de s’y promener avec une chaise. Je viens de Bellinzone et la Vieille-Ville a été repensée pour ce type de handicap. Ils ont fait des chemins lisses au bord des rues pavées. Par contre, les transports publics sont bien. Il y a des rampes et le funiculaire est aménagé. Avec une chaise roulante, il faut s’imaginer que beaucoup de choses deviennent plus difficiles. Faire ses courses par exemple: les rayons sont souvent étroits; il faut sans cesse chercher les ascenseurs, parfois bien cachés. Je sais qu’il n’est pas possible de tout modifier. Je suis allé à Charmey avec des résidents et une fois en haut du télécabine, il était difficile, voire impossible, de s’y promener. C’est dommage, mais c’est la montagne.»

Nicola Bramaz

> 27 ans, technicien en informatique et sourd

«Pour les personnes sourdes, c’est la communication qui est délicate. Lorsque je commande un Fanta dans un bar, je reçois parfois un fendant du Valais. Dans mes déplacements, je ne rencontre pas ou très peu de soucis. On pourrait juste regretter que certaines informations des CFF soient annoncées uniquement oralement, mais je me débrouille. C’est professionnellement que j’ai eu le plus de difficultés à m’intégrer. J’ai suivi une formation de peintre en bâtiment, mais je ne peux pas exercer ce métier, car on ne peut pas me prévenir en cas de danger. A mon avis, c’est la peur qui motive surtout cette interdiction. Pour cela, Fribourg fait office d’exemple, je m’y sens beaucoup mieux qu’en Valais ou qu’à Lausanne. Je suis actuellement une formation d’informaticien et mes collègues ont appris quelques signes. Notre plus grand combat est de sensibiliser la population. La langue des signes est une langue à part entière, qui peut être apprise.»

Dann Dupraz

> 26 ans, employé de commerce et aveugle

«Je me dirige en m’aidant du bruit et des gens qu’il y a autour. Ma chienne m’aide aussi beaucoup. A Fribourg, les gens sont très serviables. Je suis allé à l’Ecole de commerce à Bulle avec les transports en commun. Les chauffeurs me connaissaient et ils s’inquiétaient lorsqu’ils ne me voyaient pas. Je peux prendre les transports en commun facilement. Les TPF ont enfin mis des annonces vocales et l’assistance dans les gares marche très bien. Si je préviens que je souhaite aller à Bâle, on me prend en charge dès la sortie du bus, et lors des correspondances. Certaines choses restent quand même à revoir. La signalisation routière devant la gare ne sonne pas. C’est très difficile de savoir si je peux traverser ou non. Certains ascenseurs, comme celui de Fribourg Centre, n’ont pas de braille. Mais je sais qu’il y a beaucoup de demandes. En tant qu’aveugles, nous rêverions de trottoirs avec un bord, pour connaître la limite, mais ils gênent les chaises roulantes.»

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