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Honte sur vous qui suivez l'Euro!

C'est tendance! >> Qui ne connaît pas dans son entourage un ­acariâtre devant lequel il ne faut jamais ­mentionner le mot football? Une épidémie 
est à craindre.

 
L’anti-foot ne regarde pas l’Euro et n’autorise personne à le faire. © Louis Rossier
L’anti-foot ne regarde pas l’Euro et n’autorise personne à le faire. © Louis Rossier

Louis Rossier

Publié le 05.07.2016

Temps de lecture estimé : 2 minutes

«Chic, c’est l’Euro!» qu’on s’est dit, car c’est l’occasion de voir plus souvent les copains, et de se permettre une consommation de bières et de pizzas plus soutenue que d’habitude. C’est aussi un moyen de tromper l’ennui en se découvrant une subite passion pour le ballon rond et le riche univers de statistiques qui l’entoure. Mais ces petits plaisirs sont souvent gâchés par une vengeance particulière qui sort de son hibernation à chaque compétition: les anti-foots.

Il est facile de déterminer si tel individu est anti-foot ou non, car comme beaucoup d’anti-trucs, l’anti-foot standard semble ressentir le besoin maladif d’annoncer sa position haut et fort à qui souhaite l’entendre – et à qui n’a aucune envie particulière de l’entendre aussi, d’ailleur s. Ainsi, au cours des soirées mondaines, on l’observera, les sens en éveil, écoutant les conv ersations, à l’affût des mots hors-jeu, corner ou penalty; l’anti-foot fait en effet preuve d’une familiarité étonnante avec les subtilités techniques de ce sport.

Que l’un de ces termes apparaisse dans une bouche alentour et aussitôt il fera irruption entre deux innocents quidams, qui suivent la compétition de loin comme tout un chacun, pour leur expliquer, avec force détails et explications, pourquoi le football serait en vérité plus immoral que tout autre sport. «Indécent de soutenir une compétition dans laquelle des millions sont investis alors que des enfants meurent de faim en Afrique!» Et dans ses verbeuses diatribes moralisatrices sur le Mondial au Qatar en 2018, il affiche évidemment un sérieux à en faire pleurer Desproges, lui qui partageait pourtant le même combat.

Sans surprise, les réseaux sociaux ont ouvert une nouvelle aire de chasse aux anti-foots, leur donnant une libre tribune pour prêcher leur haine du sport le plus populaire au monde. Ils mènent ainsi sur Facebook et consorts une assommante croisade à grand renfort de statuts cinglants invitant à boycotter les charmantes échoppes dont le tenancier aurait eu le malheur de projeter le match de son équipe favorite. Rebelles sans cause, ces anti-foots, à l’instar peut-être des végétariens anti-bidoche, ce sont surtout de grands râleurs. Un peu ironique lorsqu’on songe que l’Euro, la source de tous leurs maux, se déroule... en France.

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