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La bénichon et sa poésie

Page Jeunes-C'est tendance! • Il est venu le temps de ces dimanches d’automne bénis où la bénichon sort toute sa tradition. Mais la coutume relève-t-elle plus du lard ou du cochon?

Non, le dzaquillon n'a pas toujours été tendance à la bénichon. Annonce parue dans «La Liberté» en 1935. © DR
Non, le dzaquillon n'a pas toujours été tendance à la bénichon. Annonce parue dans «La Liberté» en 1935. © DR

Pierre Gumy

Publié le 09.10.2015

Temps de lecture estimé : 2 minutes

«En ville, maintenant, on sent de plus en plus la commercialisation de la bénichon, si j’ose dire. Elle n’est plus qu’une occasion facile pour les cafetiers de faire une recette sonnante.» Les Fribourgeois qui ont coutume de partager le repas de bénichon en famille auraient tendance à faire ce même constat. Ici, c’est Etienne Suter, par un article publié dans les «Nouvelles étrennes fribourgeoises», qui nous fait part de sa mélancolie pour cette fête qui se perd. En 1934! La bénichon, l’authentique, aurait perdu «toute sa poésie» il y a 81 ans déjà?

«Que non!», diront certains. La coutume est bien sauvée et se vit avec une force nouvelle depuis quelques années. Il n’y a qu’à voir tous ces fiers bredzons et ces menus copieux suivant les recettes historiques. Mais ce patrimoine mis en spectacle est un aspect relativement nouveau de la fête. A l’époque où notre ami Suter écrivait ses souvenirs dans les «Nouvelles étrennes», il n’était pas question pour le paysan de faire la fête en habit de travail: «On sortait pour l’occasion son plus beau costume. Tricorne, […] culotte courte et souliers à boucles remplaçaient pour trois jours la «capatta», le «bredzon» et le «loï» traditionnel.» Si l’on souhaite célébrer la bénichon dans sa plus pure tradition, doit-on alors troquer le bredzon pour le couvre-chef triangulaire? Le tableau prête à sourire. D’ailleurs, cette fête traditionnelle est avant tout une fête vivante: on y célèbre ce que l’on souhaite fêter aujourd’hui. Et, de nos jours, on se plaît beaucoup à dévorer de la poire à Botzi en habit d’armailli!

Mais quelle sera la tendance dans huitante ans? On trouvera peut-être une Fribourgeoise ou un Fribourgeois pour évoquer avec mélancolie l’époque bénie du début du millénaire, là où la bénichon était encore authentique et pleine de poésie. Tandis qu’en 2096, la bénichon se sera commercialisée et la fête transformée en un concours de la plus belle cuquette?

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