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Le jeu vidéo, jusqu’à l’excès

Les univers numériques sont de plus en plus réalistes et accessibles. Un danger?

Le jeu vidéo, jusqu’à l’excès
Le jeu vidéo, jusqu’à l’excès

Joanne Fontana

Publié le 29.08.2017

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Addiction »   «Une addiction, à une substance ou à un comportement, est une atteinte à la santé mentale», explique le docteur Claude Uehlinger du cabinet Matrix, psychiatre depuis trente ans. «Cette maladie est accompagnée d’une forte envie de réitérer un certain comportement.» Combler cette envie procure certes un soulagement, mais il n’est que momentané, ce qui pousse le malade à recommencer sa démarche.

S’agissant du jeu vidéo, il n’est pas toujours aisé de placer la limite entre un comportement un peu excessif et une véritable addiction. «En week-end, je peux enchaîner six heures de jeu. Mais je me rends compte quand je dérape, et vivre sans électronique n’est pas un problème pour moi», raconte Emilie, 19 ans, stagiaire en animation socioculturelle et passionnée par le monde virtuel. En effet, le risque d’addiction réside principalement dans le contrôle, ou sa perte. «Cette addiction provoque des pertes d’intérêt pour d’autres activités et très souvent de graves désinsertions sociales. Seul le jeu compte. Perdre son libre arbitre, voici la limite», complète le docteur Pedrag Porges, psychiatre indépendant.

Des origines multiples

Le fait de jouer souvent aux jeux vidéo rend-il addict? «C’est un minimum de quatre heures par jour pour moi. Ces jeux m’apportent beaucoup de choses positives et j’y jouerai toute ma vie. Je joue beaucoup, mais je sais me gérer, je n’ai donc pas peur de l’addiction», confie Grégory, 21 ans, apprenti logisticien. La maladie se révèle plus complexe qu’une simple question de temps passé derrière l’écran. Le docteur Uehlinger nous résume ses principales causes en trois points: le comportement, le profil psychologique et les critères sociétaux d’une personne: «La réalité virtuelle est un moyen de se couper des problèmes de la vie.»

Les jeux vidéo peuvent apparaître comme une solution aux yeux des malades, entraînant ainsi de gros problèmes sociaux. Mais ce sentiment grisant ne concerne pas qu’eux: «Je le ressens aussi. Etre le héros d’une irréalité me permet d’oublier un peu les soucis», raconte Emilie. Le docteur Uehlinger ajoute: «Une personne ayant un profil psychologique instable sera une personne plus vulnérable au développement de la maladie.» Cette maladie naît de plusieurs facteurs, ce qui la rend difficile à soigner. «Derrière une addiction se cachent souvent des maladies d’angoisse ou des dépressions», précise le docteur Porges. «Pour gérer une addiction, il faut s’occuper, après sevrage, de ce qui la cause.»

Malgré tout, les vrais cas d’addiction aux jeux vidéo ne concernent qu’une minorité de la population. D’après l’ouvrage Therapie psychischer Erkrankungen paru cette année, seule 1,5% de la population des sociétés occidentales serait touchée. Ce chiffre pourrait augmenter parallèlement à l’essor de l’industrie vidéoludique.

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