Un dimanche après-midi à Bulle, les rues sont calmes. Qui se douterait qu’un innocent salon de coiffure de la rue du Moléson cache en réalité l’entrée d’un sanctuaire du rock? Son sous-sol est en effet occupé depuis peu par les quartiers de Cold Smoke Records, jeune association formée par quatre jeunes Fribourgeois. Allons y faire un tour.

«Fonder un label, c’est une idée que je traîne depuis dix ans. En regardant le film «Blood, Sweat & Vinyl», qui suit les labels Neurot, Constellation et Hydrahead Records, je me suis dit: c’est ça que je veux faire», se souvient Julien Bernard, responsable logistique de 28 ans chez Honeywell. Il partage son idée à un ami de longue date, Alan Brunetti, qui amène dans l’affaire Pierre Tinguely, tous deux 26 ans; les deux sont immédiatement emballés. «C’étaient les seuls motivés», glisse Julien Bernard dans un sourire. Le quatrième larron est trouvé en la personne de Marie Riley, 31 ans, fondatrice du blog Food & Fuzz et bassiste au sein de Dog Days: c’est son booker Christophe Macquat qui la dirige vers le trio, dont il a ouï-dire du projet.

Fiers de la scène suisse

Lorsque l’on interroge les quatre fondateurs sur leurs inspirations, ils répondent d’une seule voix: «Hummus Records.» C’est le nom d’un label éclectique basé à La Chaux-de-Fonds. «Ils ont montré que c’était possible, qu’il suffisait d’être motivés», rajoute Alan Brunetti. Encouragés par une scène musicale très active à Fribourg, ils décident d’inaugurer leur label avec Challenger et Das Röckt. Le vernissage a eu lieu le 10 octobre dernier au Nouveau Monde. «Nous sommes très fiers de la scène suisse», commente Marie Riley, avant d’enchaîner, sur un ton plus amer: «Je suis personnellement fatiguée de voir que les médias se penchent systématiquement sur les mêmes artistes, comme Bastian Baker, tandis que d’autres passent complètement sous les radars.» C’est précisément pour mettre en avant la folle activité de la scène rock fribourgeoise que Cold Smoke est né.

Les prestations que le label offre à ses poulains comprennent la promotion, la recherche de dates de concert et la distribution. Il est possible de retrouver les morceaux des artistes sur des plates-formes telles que iTunes ou Spotify. Le label envisage de contacter un distributeur pour diffuser les versions physiques de ses sorties via les disquaires de Suisse et d’ailleurs. «Nous avançons à tâtons, il n’existe pas de formation pour tenir un label, explique Alan Brunetti. Avec mon groupe Darius, j’avais travaillé avec Hummus, j’avais eu un aperçu de quelques mécanismes, notamment dans la promotion.»

Lorsque l’on évoque la question financière, les quatre fondateurs se montrent univoques: «Nous n’injecterons jamais d’argent pour les groupes parce que nous n’en avons pas. Ce n’est pas un business où l’on peut se faire du fric.» Ils visent plutôt à leur apporter un soutien administratif et à mettre un réseau de relations à leur disposition. «Nous sommes un peu des nounous», sourit Marie Riley.

A l’avenir, Cold Smoke compte organiser des soirées pour financer ses activités, espérant que des clubs accepteront de mettre leur salle à disposition. «Nous sommes également à la recherche de personnes motivées pour nous prêter main-forte», indique Marie Riley, évoquant notamment leur besoin d’un booker.

> www.facebook.com/coldsmokerecords/