«Soyez prudent!», voilà l'instruction qui suit Kazuto Tatsuta tout au long de ses journées de travail à la centrale de Fukushima Daiichi, autrement appelée ichi-efu (1F en japonais). Chaque jour, l'homme de 47 ans doit s'équiper de maintes protections afin de se rendre dans la zone interdite; territoire qui entoure la centrale et où la population a été évacuée à cause des radiations nucléaires.

 

Chargé des travaux de canalisation et de soudure au cœur même de la centrale, l'ouvrier est constamment en danger. En somme, tous les travailleurs de la centrale se battent en permanence contre une peur invisible, de ce fait ils sont toujours accompagnés de leur dosimètre; petit instrument calculant le taux journalier de radiations auquel ils sont autorisés à être exposés.

 

Il faut savoir que la ville japonaise, Fukushima, a subi le 11 mars 2011 plusieurs catastrophes qui se sont enchaînées très rapidement: une vague de quinze de mètres, générée par un séisme survenu plus tôt, a provoqué le dysfonctionnement puis l'explosion du réacteur n°1 de la centrale nucléaire 1F. Par conséquent, cette catastrophe a mobilisé beaucoup de travailleurs dont Kazuto Tatsuta, un mangaka, qui au moment de l'explosion cherchait un emploi. Voulant se rendre utile, il postula afin de travailler sur la zone sinistré où il ne trouva une place qu'une année plus tard.

 

De son nom de plume, Kazuto Tatsuta ne cherche pas à révéler «la vérité sur Fukushima». Il se contente de retranscrire ce qu'il a perçu et vécu de manière neutre, sans exprimer ses pensées pour ainsi, sans prendre aucun parti. Il met toutefois en valeur le travail de ces héros souvent oubliés, en expliquant leur quotidien saturé par de multiples contrôles de sécurité. Ces mêmes ouvriers qui savent garder le sourire quand bien même tout n'est que désolation autour d'eux Par ailleurs, le style graphique de l'auteur relève avec excellence chaque détail des décombres ou des salles mises à disposition des travailleurs ce qui donne à son œuvre une touche plus réaliste encore.

 

Ce manga ne possède pas de trame narrative, il suit en tout points les traits d'un journal explicatif ce qui fait de lui un récit unique sur l'après-catastrophe. Un témoignage sensationnel qui permet à un lecteur intéressé de s'immiscer lui aussi quelques instants au cœur de la centrale nucléaire 1F.