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Les ados raffolent des kebabs

Page Jeunes - Alimentation • Son prix, son goût et sa préparation rapide peuvent rendre le kebab, passablement calorique, plus attractif qu’un repas équilibré aux yeux des étudiants.

Trop gras, trop sucrés, trop salés: les kebabs sont la bête noire des diététiciens. © Louis Rossier
Trop gras, trop sucrés, trop salés: les kebabs sont la bête noire des diététiciens. © Louis Rossier

Louis Rossier

Publié le 04.07.2014

Temps de lecture estimé : 3 minutes

«Déjà quand j’étais au collège, c’était surtout le goût qui déterminait où je mangeais à midi, explique Nicolas, 21 ans et étudiant en lettres. C’est pour ça que je vais régulièrement me prendre un kebab en sachant que ce n’est pas bon pour la santé.» Si son premier critère est d’ordre gustatif, il mentionne également l’importance de la proximité: «Depuis que je suis à l’uni, je mange beaucoup plus souvent à la mensa.»

D’un point de vue nutritionnel, selon la diététicienne Tania Lehmann, il fait bien: un kebab compte plus de 1000 calories - deux fois plus qu’un Big Mac - et couvre les deux tiers des besoins journaliers en graisse ainsi que la totalité des besoins journaliers en sel d’une personne adulte. Autant dire que les kebabs sont peu recommandés par les nutritionnistes. «Il y a aussi le problème du pain qui entoure la viande, explique Anne Etienne, étudiante en diététique. Puisque c’est du pain blanc et non du pain complet, il est digéré très vite et délivre rapidement de l’énergie. Ça crée un pic de glycémie qui apparaît aussi subitement qu’il retombe. Et lorsqu’il redescend, le besoin de manger se refait sentir.»

Les boissons sucrées

Et c’est sans parler de la traditionnelle boisson sucrée qui accompagne le repas. «Dans l’idéal, on recommanderait 2 dl de coca par jour maximum pour une personne de 18 ans», explique Anne Etienne. Or une cannette de format standard en contient 3,3 dl. Reto Jent, responsable de communication à Promotion Santé Suisse, cite un rapport du canton de Bâle-Ville sur la santé des adolescents où 45% des jeunes interrogés consomment quotidiennement des boissons trop sucrées. Plus alarmant: la proportion grimpe à 69% chez ceux fréquentant régulièrement les fast-foods. «Parmi les mesures prises pour promouvoir une alimentation équilibrée, nous insistons sur un message simple: boire de l’eau au lieu des boissons sucrées.»

Hélas, de nombreuses enseignes incitent le client à repartir avec une boisson sucrée au moyen d’offres promotionnelles. «La vente de boissons sucrées répond également à un souci économique des exploitants de cafétérias, déplore Reto Jent. Ils ne font pratiquement aucun bénéfice sur les menus si ces derniers ne sont pas subventionnés.»

Des alternatives saines

La prolifération des kebabs à Fribourg n’inquiète pas Nicolas: «Ça ne me pose pas de problème, ils fermeront si personne n’y va.» Estimant sa consommation de ce type de repas à quatre par mois, il est très attaché aux alternatives saines: «C’est important qu’il y ait des endroits où l’on puisse manger équilibré pour pas trop cher, comme à la mensa.» Selon Anne Etienne, l’engouement pour les kebabs chez les jeunes s’explique par le sentiment de liberté qui s’éveille à l’adolescence. «Lorsqu’on ne dîne plus à la maison, les habitudes alimentaires changent, explique-t-elle. On n’est plus obligé de se servir de salade parce qu’il y en a sur la table, on a envie de manger ce qu’on veut et où on veut.»

Avec l’âge, les jeunes semblent se responsabiliser; ainsi le rapport de Bâle-Ville précédemment cité indique que la consommation quotidienne de boissons sucrées diminue drastiquement entre les étudiants de secondaire II (53%) et les gymnasiens (28%). Nicolas confirme cette tendance: «Pendant un temps je mangeais quasiment tous les jours un kebab ou un truc du genre, mais je m’en suis lassé. C’est beaucoup trop lourd sur le long terme.»

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