La nuit vient de tomber, une jeune femme se lave paisiblement les mains. Quand elle se retourne vers son linge, elle aperçoit un horrible monstre noir d’à peu près deux centimètres qui l’observe silencieusement depuis le mur. C’est une araignée. Un hurlement de suppliciée sort alors de sa bouche, parfaitement justifié face à l’ignoble créature dont la taille avoisine le millième d’une personne humaine. Qui sait ce qu’elle encourt? La bestiole pourrait bien, par exemple, l’effrayer encore plus en courant le long du mur, ou pire, en allant pondre des œufs dans un recoin poussiéreux. Sans parler de sa capacité à tisser des toiles, rien de plus terrifiant! La demoiselle l’a compris, son dernier jour est arrivé. Elle a une pensée pour sa famille et, dans un geste bien peu héroïque, elle s’évanouit.

En effet, nombreux sont ceux que le courage abandonne à la vue d’un arachnide, aussi doux et inoffensif soit-il. On accuse son physique repoussant, alors que la majorité des insectes enfreignent également les canons de beauté humaine sans susciter une telle aversion. Quant à leur dangerosité, ces colocataires clandestins sont parfaitement inoffensifs, à moins que leur vue n’en effraie au point de perdre l’équilibre au milieu d’une balade sur le pont de la Poya, ce qui reste assez peu probable. La persécution des araignées a donc assez duré, il faut en finir avec cette crainte totalement injustifiée. A l’inverse, cette gentille bestiole débarrasse les foyers de bien d’autres espèces nuisibles, la raison nous encourage donc à en faire une amie!

Heureusement, en ce jour d’Halloween, les araignées sont temporairement épargnées. C’est la seule fois de l’année où elles ne sont plus rejetées, mais appréciées pour leur laideur si caractéristique. Dessinées sur la joue ou encore portées dans les cheveux dans leurs versions plastifiées, elles deviennent les reines de la soirée! Alors reposez vos magazines enroulés et vos vieilles pantoufles pour vivre ce jour de fête en leur velue compagnie, sans compter que les achever vous exposerait à un spécimen encore plus terrible qui, lui, en véritable vampire, n’hésitera pas à s’abreuver de votre sang: le moustique.