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Page Jeunes - «Twitter et compagnie!» >> Une quantité impressionnante de contenus parasitent les réseaux sociaux. A qui la faute?

«Etude: 70 % des utilisateurs de Facebook ne lisent que les titres des articles scientifiques avant de les commenter »,titrait The Science Post au-dessus d’un texte... rédigé en latin. © Aurélie Bavaud
«Etude: 70 % des utilisateurs de Facebook ne lisent que les titres des articles scientifiques avant de les commenter »,titrait The Science Post au-dessus d’un texte... rédigé en latin. © Aurélie Bavaud

Aurélie Bavaud

Publié le 26.07.2016

Temps de lecture estimé : 3 minutes

En faisant défiler son fil d’actualités, chacun s’est déjà posé la question: «Comment mes amis peuvent-ils être aussi crédules?» Du dernier scandale à la mode à une énième étude sur le café, en passant par les théories du complot les plus farfelues, tout et n’importe quoi semble trouver son public sur internet. Le phénomène a atteint une telle ampleur que Facebook a annoncé des changements visant à favoriser les contenus plus personnels pour limiter l’affichage de pages douteuses partagées en masse.

Cette prolifération d’articles parasites a plusieurs causes. A la source, les sites d’information les moins scrupuleux vont se servir de notre goût pour les nouvelles outrageuses et alarmistes. Ils usent également de clickbaits, (littéralement «appâts-à-clics»), ces articles dont le titre et/ou l’illustration sont dirigés de manière à pousser les internautes à s’y rendre. «Leur but n’est pas qu’on y passe dix heures, mais qu’on clique. D’une certaine façon, c’est du spam», explique Olivier Glassey, sociologue à l’Université de Lausanne.

Money, money, money

Chaque clic sert en effet à monnayer la publicité placée sur le site. Et parce que générer des revenus devient de plus en plus difficile, même les médias les plus sérieux se sentent obligés de suivre ce modèle. «L’important, pour de nombreux médias, c’est de provoquer des réactions», explique Olivier Glassey.

Les journaux relaient aussi moult chiffres et statistiques à la pertinence variable, particulièrement populaires sur les réseaux sociaux, promues par les scientifiques ayant adopté la stratégie du publish or perish («publie ou crève»). Ces médias ajoutent ensuite à ces études un dernier coup de vernis, dans une sorte de jeu de téléphone arabe à grande échelle, comme le dénonçait le Youtubeur Léo Grasset dans une de ses vidéos.

A qui la faute?

Toutefois, la responsabilité n’appartient pas aux seuls médias. Les internautes la partagent en effet lorsqu’ils choisissent de faire suivre des informations qu’ils savent susceptibles de plaire à leurs abonnés, sans prendre la peine de vérifier leur intégrité. Charmer ses abonnés est en effet devenu pour beaucoup une priorité, ainsi que l’explique Olivier Gassey: «Certains vont jusqu’à tester leur contenu ailleurs pour voir ce qui fonctionne le mieux avant de le poster sur Facebook. Les réseaux sociaux ne sont pas non plus innocents, puisque dans leur volonté de rendre l’expérience de l’utilisateur la plus agréable possible, ils tendent à favoriser les contenus similaires, ce qui rend la remise en question difficile.»

Enfin, l’immédiateté d’internet encourage les réactions rapides, qu’il s’agisse de partager le contenu ou de le commenter. «Quand une nouvelle nous interpelle, on a l’impression que si l’on ne réagit pas tout de suite, ce ne sera plus important pour personne», précise encore le sociologue. Cela expliquerait pourquoi près de 60% des liens partagés sur les réseaux sociaux ne sont pas consultés par leurs diffuseurs, comme l’a constaté une étude récente menée par des chercheurs de l’Université de Columbia. Un constat qu’a pu partager le site d’information The Science Post, lorsqu’il a diffusé un article dont le corps du texte n’était composé que d’un Lorem ipsum (du faux texte employé par les graphistes pour la mise en page)... 

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