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Une super-héroïne qui casse les clichés

Blog - CRITIQUE LITTÉRAIRE • Entre M. Indestructible, Superman, Peter Parker et Captain America, le personnage de « Dragongirl » sort pourtant des sentiers battus, loin de tous ces mâles superhéroïques.

Pas toujours facile d'être une héroïne
Pas toujours facile d'être une héroïne

Lise-Marie PILLER

Publié le 09.05.2015

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Sa vie n’a de prime abord rien d’extraordinaire: Margot, jeune adolescente orpheline, constitue le souffre-douleur favori de son collège. Consciente d’être anormale, la jeune fille tente de cacher ses pouvoirs jusqu’à ce que la situation explose au sens propre comme au figuré. Une moquerie de trop provoque le hachement menu de trois adolescents, l’action étant décrite avec moults détails aussi précis que sanglants. Pour Margot, l’horreur est grande et alors qu’elle se voit déjà sous les barreaux, elle a la surprise d’être « sauvée » par le gouvernement. Conduite jusqu’à un bâtiment top secret baptisé « Le Manoir », placée sous la surveillance d’une équipe de spécialistes, elle apprend à devenir une superhéroïne qui œuvre sous la direction conjointe des présidents français et américains.  « Dragongirl » est née…

Certes, le scénario a l’air un peu classique, si ce n’est réchauffé, mais il serait dommage de s’arrêter à ce premier jugement. Tout d’abord parce que le thème du roman tranche net avec la plupart des histoires hollywoodiennes de super-héros. « Je suis un dragon » est tout simplement ultra-réaliste. Pas d’héroïne belle, sexy, sûre d’elle mais une ado timide et complexée, qui reste fidèle à ce caractère tout au long de l’histoire même après avoir endossé le rôle de « Dragongirl ».  Quant à l’intrigue, elle tire plus sur la noirceur que vers de belles prouesses étincelantes : les lauriers, Margot n’en a que faire. La violence, elle, est concentrée, cantonnée à de petit passages et éclate crûment en grandes éclaboussures rouge vif - Quentin Tarantino en aurait la larme à l’œil.  Attention, les âmes sensibles s’abstiendront !

Seul bémol, l’aspect parfois très linéaire de l’écriture, qui mériterait un peu plus de caractère pour envelopper une intrigue si soigneusement élaborée. Les personnages secondaires pourraient également être plus travaillés, car exception faite de la psychologue Janet Xanadu et du chef du contre-espionnage français Patrick Bamberski, tous deux membres de l’équipe de spécialistes entourant Margot, les autres protagonistes ne connaissent pratiquement pas d’évolution. Cependant, « Je suis un dragon » reste un ouvrage à recommander à tous ceux qui veulent voir un super-héros… peu ordinaire.

Martin Page, Je suis un dragon, Paris, Robert Laffont, 2015.

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