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Pour se sentir moins seul

A travers divers collectifs et associations, la communauté LGBTQ+ fait sa place dans la société fribourgeoise

Pour se sentir moins seul
Pour se sentir moins seul

Elsa Rohrbasser

Publié le 23.04.2019

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Société » Alors qu’en novembre 2018 le Conseil des Etats approuvait la criminalisation des discriminations liées à l’orientation sexuelle, 70 316 signatures, déposées début avril, accompagnent un référendum allant contre ce changement de loi. Entre pas en avant et en arrière, la communauté LGBTQ+ (lesbienne, gay, bisexuel, transgenre, queer et autres, ndlr) fribourgeoise tente de trouver sa place: «A travers LAGO (lesbian and gay organization, ndlr), on essaie d’offrir un endroit sûr où les personnes LGBTQ+ peuvent se rencontrer et échanger», explique Yaïleen Bonvin, étudiante de 22 ans et membre de cette association.

Cette association fribourgeoise créée en 2001 – et particulièrement active depuis deux ans – organise régulièrement des événements pour échanger et partager au sein de la communauté, ainsi qu’avec ceux qui la soutiennent ou s’y intéressent. «On a trois types d’événements: les cafés queer, où on discute et débat d’une problématique en lien avec la communauté, les beer’n’queer où, dans un cadre moins formel, on partage un apéro et les soirées film ou simplement des fêtes en collaboration avec d’autres collectifs engagés», ajoute Julie Gay, étudiante de 21 ans, membre elle aussi de LAGO.

«Se sentir moins seul»

Bien loin d’un quelconque aspect sectaire, le terme «communauté» témoigne du besoin de se regrouper entre personnes qui partagent une même expérience. «La discrimination actuelle fait que les termes LGBTQ+ sont rassurants pour une personne de la communauté. Ça permet de se sentir moins seul. Et nommer les choses, ça aide à les expliquer, les faire comprendre», explique Yaïleen. «On peut s’identifier à plusieurs «cases» du terme LGBTQ+, et ça n’a rien de réducteur d’être dans l’une de ces cases. Néanmoins, mon identité sexuelle ne fait pas toute mon identité! Je ne suis pas que gay», témoigne Alan Morel, membre actif de la vie nocturne fribourgeoise à travers le collectif Genre Nocturne.

Pour Julie, poser la question de l’identité sexuelle maintient les frontières que des associations comme LAGO essaient justement de déconstruire. «Ce n’est pas vexant, c’est juste dommage de devoir encore signaler notre orientation sexuelle.»

La discrimination envers les LGBTQ+ ne fait pas partie d’un passé lointain mais d’une actualité brûlante. Selon un rapport du site lgbt-helpline.ch, en moyenne deux incidents de nature homophobe ou transphobe ont lieu chaque semaine en Suisse; le site note également que 80% des cas ne sont pas signalés à la police.

Alors, à quand la liberté totale? Perché sur des talons, amateur de danse voguing inspirée des poses de mannequins, Alan avoue être sur la retenue: «Dans le monde de la nuit, on m’appelle Big Gina. C’est une partie de moi que j’aime, mais que je ne peux pas exprimer au quotidien car la société n’est pas prête.»

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