La Liberté

Un climat apaisé mais des riverains vigilants à Payerne

La police aérienne a tiré un premier bilan de son projet de surveillance permanente

L'armée de l'air a réalisé une démonstration sur l'aérodrome de Payerne lors de la conférence de presse. © Keystone
L'armée de l'air a réalisé une démonstration sur l'aérodrome de Payerne lors de la conférence de presse. © Keystone

Marie Nicolet

Publié le 05.09.2019

Temps de lecture estimé : 4 minutes

La nuit tombe sur la Broye. Dans un vrombissement assourdissant, deux jets F/A-18 quittent l’un après l’autre la piste de l’aérodrome de Payerne pour s’éloigner dans les airs. Ce décollage en alerte est organisé dans le cadre d’une conférence de presse qui vise à tirer un premier bilan de la police aérienne, dont les horaires s’étendent actuellement de 6 h à 22 h. La mise en œuvre du projet de surveillance permanente a été lancée en 2016; prévue en quatre étapes, elle en est à la troisième.

En début d’année, les vols nocturnes avaient fait grand bruit. L’Association des communes broyardes touchées par l’aérodrome de Payerne (ASIC) s’était élevée contre l’extension des entraînements de nuit les lundis et les mercredis, imposée au 1er janvier 2019. Selon elle, l’action contreviendrait au règlement élaboré par les communes riveraines et l’armée. Les forces aériennes avaient expliqué que cette décision avait été prise afin de permettre un meilleur entraînement des pilotes.

 

Cédric Péclard, président de l’ASIC, souligne que les doléances de l’association ont été entendues. En juillet, un premier compromis a été trouvé, et l’ASIC poursuit une période d’observation jusqu’à la fin de l’année. «Nous ne lâchons pas le morceau, mais notre but n’est pas de mener une procédure au tribunal. Cela couperait toutes possibilités de discussion», précise-t-il.

Malgré ce climat apaisé, une inquiétude persiste chez le président de l’ASIC: les live missions. Ces dernières consistent en des contrôles ponctuels des aéronefs d’Etats étrangers qui doivent avoir une autorisation diplomatique pour survoler le pays. «Ces missions sont trop floues, estime Cédric Péclard. J’ai peur qu’elles soient utilisées comme excuse pour des entraînements de nuit.» Benoît Studemann, commandant de la base aérienne de Payerne, rassure: «Nous ne le ferons pas. D’ailleurs, nous n’engageons pas de live missions durant le week-end. Nous essayons de respecter le calme dans la région.»

Premières étapes rodées

De son côté, la police du ciel tire un bilan positif de ces trois premières étapes du projet de surveillance aérienne 24 h/24, qu’elle estime «bien rodé».

Les jets décollent la plupart du temps de Payerne et, dans certaines circonstances, depuis Emmen ou Meiringen. Dans la Broye, une centaine de personnes – essentiellement de la région – ont été engagées depuis 2016. Les dernières sont encore en formation. Les équipes qui rassemblent pilotes et mécaniciens, entre autres, travaillent par tranche de deux fois huit heures, durant sept jours d’affilée. «Nous dressons un bilan après huit mois à ce rythme, indique Benoît Studemann.

Ensuite, nous prendrons une décision qui intégrera l’avis du personnel.» Depuis le début de l’année, la police du ciel a assuré 198 missions (comprenant 13 hot missions, soit l’interpellation de pilotes qui violeraient la souveraineté de l’espace aérien helvétique, et 185 live missions), un nombre stable par rapport aux dernières années.

90% du trafic couvert

Actuellement, les avions sont prêts à l’engagement de 6 h à 22 h, un intervalle durant lequel 90% du trafic journalier sur le territoire suisse a lieu. Les 10% restants sont assurés par une surveillance électronique puis, en cas d’intervention, par les pays alentour selon les accords internationaux. Cédric Péclard se montre rassuré: «Au début, j’étais soucieux que le nombre de vol augmente lorsque la disponibilité 24 h/24 sera bouclée à la fin 2020, mais j’ai compris que seuls 10% du trafic aérien a lieu la nuit.» Le changement qui pourrait intervenir est l’augmentation des entraînements pendant l’été, donc après 22 h, puisque entre juin et août les jours sont longs. «Nous allons respecter les règles. Le dernier décollage est à 21 h 15, et nous atterrissons au plus tard à 22 h», insiste Benoît Studemann.

Le développement du service de police du ciel se poursuivra jusqu’à fin 2020. Dès ce moment-là, deux avions seront disponibles 24 h/24, 365 jours par an. Une étape qui devrait intervenir dans les temps, selon le colonel EMG Jérôme d’Hooghe, chef de la police aérienne 24.

La flotte est-elle suffisante et en assez bon état pour tenir les horaires imposés dans le projet de surveillance aérienne 24 h/24? «Avec la police aérienne, nous n’augmentons pas le nombre d’heures de vol, souligne Benoît Studemann. Nous avons un crédit annuel de 5600 heures.» Un nombre calculé en multipliant le nombre de pilotes par 120 heures de vol par an.

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