«Ça nous est tombé dessus mardi»
Norberto Marques et sa famille sont en quarantaine depuis mardi. Ils témoignent
Magalie Goumaz
Temps de lecture estimé : 3 minutes
Depuis le 10 mars, Norberto Marques est en quarantaine avec sa famille dans son logement de Villars-sur-Glâne. Ce vendredi, il se disait soulagé que le Conseil d’Etat ferme les écoles du canton. «C’est notre fils de quatre ans qui est tombé malade en premier. Puis, notre fille de huit ans a commencé à tousser. Ils sont restés à la maison. Mais, comme nous n’avons pas été en contact avec des personnes malades du coronavirus et n’avons pas voyagé, nous avons pensé qu’il s’agissait d’une grippe», raconte-t-il.
Puis, c’est lui-même qui a commencé à tousser. «Dès l’apparition des symptômes, je ne suis plus allé travailler et je suis resté à la maison. Mais, comme ça n’allait pas mieux après cinq jours, j’ai commencé à m’inquiéter. Lundi dernier, j’ai fait le test de dépistage, et j’ai su le lendemain qu’il était positif.» Le foyer vit en quarantaine depuis l’annonce du résultat. Norberto Marques ne sait pas quand et comment sa famille a été infectée. «Nous avons assisté au Carnaval des Bolzes et participé aux dix kilomètres de Payerne. Ce sont les deux grandes manifestations où nous étions présents», dit-il.
Une toux «anormale»
Aujourd’hui, il dit aller mieux, après avoir traversé des hauts et des bas. «Cette toux était anormale. Comme si j’avais trop fumé. Mais je n’avais pas d’écoulement nasal. Seulement la gorge très sèche, des douleurs généralisées et je cherchais mon souffle», explique-t-il, précisant que c’est son fils de quatre ans qui a le plus souffert. Son épouse a commencé à ressentir les mêmes symptômes mercredi dernier.
Norberto Marques tient à témoigner pour sensibiliser les gens. «En isolement, nous protégeons et nous sauvons des vies humaines», dit-il. Même si cette situation est loin d’être simple à gérer. «Ça nous tombe dessus. Il faut d’abord prévenir notre entourage, l’école, la crèche, la maman de jour. En retour, nous recevons de nombreux appels de personnes qui veulent avoir des précisions. C’est usant», avoue-t-il.
Et ce n’est pas tout. Il faut songer à la logistique familiale. «On vit un peu au jour le jour, poursuit-il. Nous avons voulu nous faire livrer de la marchandise à domicile, mais les délais étaient longs. Des amis ou de la famille nous ont aussi dépannés en nous déposant des courses devant la porte, mais nous ne pouvons pas leur donner de l’argent. Aller chercher son courrier dans la boîte aux lettres est aussi toute une aventure dans un immeuble.
Sentiment d’abandon
La famille Marques s’occupe comme elle peut. Les parents font des devoirs avec l’aînée. Ensemble, ils font des jeux de société. Norberto Marques se sent cependant un peu abandonné. «Ce virus circule depuis trois mois. Mais, lorsqu’il arrive chez nous, personne n’est vraiment prêt», estime-t-il. Il ne parle pas de l’Office fédéral de la santé publique ou des hôpitaux universitaires mais des services de proximité. «Rien n’est mis en place pour nous aider dans notre logistique familiale. Même pas un simple appel pour savoir comment nous allions», fait-il remarquer.