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Daler refile des bébés à l’HFR

Accouchements • La clinique privée et l’Hôpital fribourgeois vont mieux collaborer dans le domaine de l’obstétrique. Les naissances au Daler s’envolent mais des lits lui manquent.

La maternité de l’HFR a été entièrement refaite mais ne tourne pas à plein régime. Daler lui offre un ballon d’oxygène. © Charles Ellena
La maternité de l’HFR a été entièrement refaite mais ne tourne pas à plein régime. Daler lui offre un ballon d’oxygène. © Charles Ellena

Claude-Alain Gaillet

Publié le 03.06.2014

Temps de lecture estimé : 5 minutes

L’Hôpital Daler a toujours plus de succès auprès des futures mamans. Depuis quelques années, la courbe des naissances en ses murs s’envole. Au point qu’il lui manque «périodiquement» des lits. Raison pour laquelle il s’est tourné vers son grand voisin, l’Hôpital fribourgeois. Les deux établissements ont défini des «procédures de collaboration» dans le domaine de l’obstétrique, ont-ils communiqué hier.

«En 2011, nous avons franchi le cap des mille accouchements. L’an dernier, nous avons enregistré près de 1320 naissances. Et cette année, nous sommes partis pour dépasser les 1500 nouveau-nés», indique le Dr David Quéloz, directeur de Daler. «Il arrive que nos capacités d’accueil soient limitées. Si notre planification montre que nous allons manquer de lits après les accouchements, nous proposons à nos patientes d’accoucher à l’HFR. Les procédures administratives sur lesquelles nous nous sommes mis d’accord avec l’hôpital public concernent le transfert de dossiers et l’organisation de discussions entre les médecins traitants des patientes et les gynécologues.» Si la patiente accepte d’accoucher à l’HFR, c’est l’équipe de l’hôpital public qui prend en charge l’accouchement. Ensuite, ces patientes retournent à leurs gynécologues.

Cibler les Alémaniques

Pour David Quéloz, l’enjeu est de maintenir une offre «attractive et de haute qualité» sur les deux derniers sites hospitaliers du canton qui ont une maternité. «Les accouchements hors canton sont payés par le contribuable fribourgeois mais ne rapportent rien à l’économie locale», relève le directeur de Daler.

La solution trouvée entre les deux hôpitaux vise aussi à convaincre les patientes singinoises et lacoises d’accoucher dans le canton. Seuls 16% des futures mères du Fribourg alémanique le font. Proportionnellement à la population germanophone du canton, c’est «insuffisant», estime David Quéloz. «Daler et l’HFR sont des hôpitaux bilingues. Développer la patientèle alémanique doit être un objectif.»

Si le nombre d’accouchements à Daler est en forte hausse, la courbe est inverse à l’HFR, qui a perdu 200 naissances l’an dernier, soit près de 17% de son volume 2012. Comment expliquer cette spectaculaire érosion? La nouvelle directrice Claudia Käch avance plusieurs raisons: la fermeture de la maternité de Riaz à la fin de l’année dernière, les travaux de modernisation de la maternité à l’HFR Fribourg, le marketing offensif des cliniques privées bernoises en terre fribourgeoise.

Fribourg trop cher

Claudia Käch invoque également les coûts de l’HFR: «Notre baserate (le tarif de base, n.d.l.r.) est très élevé, comparativement à d’autres hôpitaux. Cela signifie que les patients qui vont se faire soigner hors canton à des coûts inférieurs, ne doivent rien payer en plus. Par contre, les patients de cantons meilleur marché qui viennent à Fribourg doivent payer le surcoût. C’est un problème de structures.»

A ces raisons rationnelles s’ajoutent des raisons subjectives. En termes d’image, la période d’incertitudes qui a suivi le départ précipité des deux cheffes de la clinique de gynécologie-obstétrique, en 2011, a laissé des traces. Aujourd’hui, l’équipe en place autour du Dr Feki est très largement masculine. «Comment la population perçoit-elle cela?», se demande Claudia Käch. «Lors des prochaines mises au concours, il faudrait peut-être recruter des femmes», suggère-t-elle.

Mais en l’état, et avec des équipements, des salles d’accouchement et des chambres au top, il s’agit maintenant de «donner une chance à l’équipe de se développer dans de nouvelles structures». Le budget 2014 table sur 1200 naissances, comme en 2012.

Daler complémentaire

De son côté, David Quéloz insiste: «L’important, c’est le nombre cumulé de naissances dans le canton. Pour éviter un no man’s land entre Berne et Vaud, Daler et l’HFR doivent travailler ensemble, sur la durée.» Et de saluer l’esprit «constructif» des médecins privés «qui ont compris l’importance de cette collaboration».

Le directeur de l’HFR entend également maintenir l’équilibre entre les spécialités de son établissement et donc ne pas y booster l’obstétrique au détriment des autres. «Daler sera toujours un complément de l’HFR. Comme hôpital public, celui-ci a des missions particulières, comme la formation. Quant à nous, des médecins accrédités peuvent venir opérer chez nous.» 

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Le 2e partenariat

Avec cette collaboration dans le domaine de l’obstétrique, Daler et l’HFR n’en sont pas à leur coup d’essai. L’an dernier, les deux établissements ont signé une convention de collaboration et lancé ensemble le projet de centre fribourgeois du sein, qui sera pleinement opérationnel à la fin de cette année. Aujourd’hui déjà, des colloques hebdomadaires réunissent des spécialistes des deux hôpitaux. Ce «Gremium» multidisciplinaire analyse chaque cas. En moyenne annuelle, plus de 125 dossiers font l’objet d’une évaluation renforcée. 

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