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De l’aide aux jeunes et à la planète

La microressourcerie d’OSEO Fribourg allie insertion professionnelle et développement durable

Les jeunes sont impliqués dans toutes les étapes de la création, en passant par la logistique et la vente. Charly Rappo
Les jeunes sont impliqués dans toutes les étapes de la création, en passant par la logistique et la vente. Charly Rappo
De l’aide aux jeunes et à la planète
De l’aide aux jeunes et à la planète

Sophie Gremaud

Publié le 18.03.2021

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Social » Une «Boutique VIP» a ouvert ses portes l’été dernier le long de l’avenue de Beauregard, en ville de Fribourg. Malgré son nom, on n’y trouve pas de tapis rouges ni de paillettes, mais une foule de charmants objets décoratifs et fonctionnels. Car l’acronyme VIP signifie ici «Vers une Insertion Professionnelle», du nom d’un projet mis en place il y a une année par la branche fribourgeoise de l’Œuvre suisse d’entraide ouvrière (OSEO). En effet, l’atelier et la boutique attenante sont au service d’un objectif bien précis: accompagner de jeunes adultes en difficulté socioprofessionnelle. Finalement, l’acronyme VIP fait peut-être quand même référence à «Very Important Person».

Entraînement au travail

«Malgré les structures qui aident les jeunes à entrer dans le monde professionnel et qui assument pleinement leur difficile mission, nous avons détecté des besoins complémentaires. Les mesures existantes que sont les SeMo/Préfo et Avenir 20-25 n’arrivaient malheureusement pas à raccrocher tous les jeunes à l’apprentissage. Ce nouveau projet VIP vient en quelque sorte compléter et resserrer les mailles du filet social pour ne laisser aucun jeune sur le côté», explique Joël Gavin, directeur d’OSEO Fribourg.

Concrètement, ce projet innovant s’articule autour d’une microressourcerie qui fait du bien aux jeunes et à la planète. Grâce à un partenariat avec la déchetterie des Neigles, l’OSEO Fribourg récupère des matériaux et des objets auxquels les jeunes redonneront une seconde vie. «Les créations évoluent en fonction des saisons, des éléments récupérés, des idées ou des commandes», raconte Anne Leonardi, responsable de la structure. Si l’inauguration et les débuts de la boutique ont été perturbés par le coronavirus, le bouche-à-oreille fait petit à petit son effet auprès des habitants du quartier. Ainsi, jardinières, nichoirs, instruments de musique et décorations ont trouvé leur clientèle. «Nos jeunes sont impliqués dans toutes les étapes, de la création en passant par la logistique et la vente. Ils acquièrent ainsi des compétences de base transversales à une grande variété de métiers», souligne Anne Leonardi. Joël Gavin ajoute: «En plus de permettre un entraînement au travail, le programme VIP et sa microressourcerie jouent un rôle socio-éducatif important. Ils apportent un cadre, un rythme de vie, une raison de se lever le matin. Le contrat demande aussi d’arriver à l’heure et se respecter les uns les autres, des habitudes et des valeurs que certains jeunes avaient perdues.»

«Les créations évoluent en fonction des saisons, des éléments récupérés, des idées ou des commandes»
Anne Leonardi

Afin de simuler un rythme au plus proche de la réalité professionnelle, les jeunes débutent leur journée à 8 h. Exceptions faites pour un cours de kickboxing hebdomadaire et une activité musicale, c’est donc à l’atelier qu’ils passent la majorité de leur temps. «Les profils ne sont pas homogènes, et les besoins sont variés. Certains jeunes sont proches de la formation professionnelle, alors que d’autres en sont encore éloignés et nécessitent d’abord un soutien social ou médical», rapporte Joël Gavin. Les contrats d’insertion sont donc établis sur mesure selon la situation de chacun, et des évaluations régulières sont réalisées avec les assistants sociaux. Travaillant de 40 à 90% sur une durée de 3 à 12 mois, 19 jeunes ont bénéficié de ce programme depuis début 2020. Selon Joël Gavin, ce projet pilote «répond à un besoin réel». Le directeur espère qu’il se pérennisera au-delà des trois années envisagées initialement.

«Me reprendre en main»

Dans l’arrière-boutique, une salle commune mène à l’atelier principal. Entre les établis et les étagères grouillant de matières premières recyclables, Anaïs* et Sylvain* scient sous l’œil bienveillant d’un maître socioprofessionnel. Ils confectionnent des kalimbas, instruments de musique africains composés d’une caisse de résonance en bois sur laquelle sont fixées des lamelles métalliques. «Ces derniers jours, j’ai passé beaucoup de temps à faire ces boîtes. J’aime bien ça, car ça me permet de découvrir et de tester différentes activités manuelles», confie Anaïs, qui rêve cependant de travailler auprès des enfants ou des animaux. Après une année en Suisse alémanique, suivie d’apprentissages qui n’ont pas abouti, la jeune femme de 20 ans apprécie le quotidien structuré que lui apporte la microressourcerie après une période «floue».

«Les profils ne sont pas homogènes, et les besoins sont variés.»
Joël Gavin

A ses côtés, Sylvain acquiesce: «J’ai réappris à me lever, à obéir à des règles, à avoir un cadre et un rythme, à être poli… Avant, je passais mon temps dehors et j’étais dans une mauvaise spirale. Ce projet m’a aidé à me reprendre en main.» Visiblement remotivé par ce tremplin, Sylvain aspire à trouver rapidement une formation ou un travail. Curieux, le jeune homme de 21 ans en profite pour poser quelques questions sur le quotidien de journaliste. Qui sait, la naissance d’une vocation?

* Prénoms d’emprunt

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