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Fribourg plus strict que Berne

Le Conseil d’Etat a annoncé ce vendredi de nouvelles mesures destinées à freiner la propagation du virus.

Fribourg plus strict que Berne © Charles Ellena
Fribourg plus strict que Berne © Charles Ellena

Nicolas Maradan

Publié le 13.03.2020

Temps de lecture estimé : 6 minutes

Nos journalistes sont mobilisés pour vous offrir une couverture de qualité et de service public sur l’épidémie de coronavirus. En raison de la situation sanitaire particulière et du fort intérêt pour cette thématique, «La Liberté» a décidé de vous offrir l’accès à cet article. Bonne lecture et merci de votre confiance.

 

Il est rare que le Gouvernement fribourgeois se présente au complet devant les médias. C’est souvent le signe d'une annonce importante. Ce vendredi en début d'après-midi, une conférence de presse convoquée en urgence a réuni à Granges-Paccot non seulement les sept conseillers d’Etat, mais également Patrice Borcard, président de la Conférence des préfets, ou encore Ronald Vonlanthen, directeur médical de l’Hôpital fribourgeois (HFR). «Notre canton, notre pays, notre planète n’ont pas connu un tel état de crise depuis au moins un siècle», confirme la présidente de l'Exécutif cantonal, Anne-Claude Demierre.

Face à l'avancée du coronavirus – le canton comptait ce vendredi après-midi 30 cas testés positifs, dont 7 sont hospitalisés – l'état de situation extraordinaire a été déclaré. Et l'Organe cantonal de conduite (OCC) a été mis en place. «C’est le bras armé du Conseil d’Etat pour gérer l’opérationnel», explique Maurice Ropraz, ministre de la Sécurité. En outre, par le biais d'une ordonnance en vigueur dès lundi et jusqu'au 30 avril, le Conseil d'Etat impose un certain nombre de mesures allant même plus loin que celles annoncées en parallèle par le Conseil fédéral.

 

Interdit dès 50 personnes

 

Les rassemblements publics ou privés impliquant la présence au même moment de 50 personnes ou plus sont désormais interdits. Cela concerne autant les salles polyvalentes, les cinémas, les musées que les restaurants ou encore les bains thermaux. Ce seuil comprend non seulement le public ou les visiteurs, mais également les organisateurs ou le personnel. Des contrôles pourront être menés de manière inopinée par les préfets ou la police cantonale. «Des sanctions pénales pourraient être infligées, notamment en vertu de la loi fédérale sur les épidémies», précise Maurice Ropraz. A noter que les transports publics, les commerces et les entreprises ne sont pas concernés.

 

écoles fermées

 

Dès lundi, les écoles publiques et privées fermeront leurs portes au niveau obligatoire (écoles primaires et cycles d'orientation), secondaire II (collèges, école de commerce, école de culture générale) et tertiaire (université, hautes écoles). Idem pour la formation professionnelle. Mais le ministre de l'Instruction publique Jean-Pierre Siggen souligne: «Il ne s’agit pas d’une mise en congé. Les apprentissages se poursuivront, dans la mesure du possible, à distance, sous la responsabilité des enseignants. Des informations pratique seront communiquées aux parents dans le courant de la semaine prochaine». Les examens d'admission pour les écoles du secondaire II, prévus la semaine prochaine, sont maintenus. Les élèves seront répartis en petits groupes. «Et tout sera mis en œuvre pour que les titres de fin de formation soient délivrés comme prévu», insiste Jean-Pierre Siggen. A noter que les écoles seront autorisées à accueillir les enfants des travailleurs dont l’activité est indispensable à la gestion de la crise, à commencer par le personnel médical.  

 

Garde des enfants

 

Les prestations des structures d’accueil extrafamilial de jour seront également limitées. Là aussi, un service minimal sera néanmoins assuré pour les enfants dont les parents travaillent dans le domaine des soins, de la sécurité ou de l’approvisionnement de la population. Les enfants pour lesquels aucune autre solution ne serait trouvée pourront également être pris en charge. Dans tous les cas, il est important que les enfants ne soient pas gardés par des personnes à risques, par exemple des seniors. Patrice Borcard enchaîne: «Il reviendra aussi aux préfectures, avec l'aide des communes, de trouver des solutions. Nous sommes en train de mettre en place un certain nombre de cadres pour assurer un minimum d'aide aux parents. Il faudra être inventifs. Nous pourrions par exemple mettre en place une prise en charge par des parents qui ne travailleraient pas ou par des associations».

 

Impact sur l’économie

 

Le coronavirus fait également trembler l’économie. «Les secteurs les plus touchés en Suisse sont l’événementiel, le tourisme et la gastronomie», souligne le conseiller d’Etat Olivier Curty.  Il ajoute: «Pour le moment, la réduction de l’horaire de travail (RHT) reste l’instrument le plus efficace pour soutenir les entreprises». Dans le canton de Fribourg, il y a eu jusqu’à vendredi 57 demandes de RHT liées à la crise sanitaire. Près de 600 employés sont concernés. En tout, 6 demandes ont déjà été acceptées. Une table ronde sera de plus organisée la semaine prochaine avec les principaux acteurs de l’économie fribourgeois pour faire le point de la situation. «Un plan de relance n’aurait aucun sens durant la phase de crise sanitaire. Mais évidemment, nous y réfléchissons», indique Olivier Curty.

 

visites interdites

 

Les visites ne sont plus possibles dans les établissements médico-sociaux (EMS), dans certaines institutions spécialisées ainsi que dans les hôpitaux et les cliniques (y compris le Réseau fribourgeois de santé mentale). Toutefois, des règles spécifiques sont mises en place pour les parents d’enfants hospitalisés, pour les familles de personnes en fin de vie ou pour les conjoints des femmes venant d’accoucher. En outre, Roland Vonlanthen relève: «Nous nous attendons à une explosion des cas à l’Hôpital fribourgeois. Nous allons essayer de faire de la place en déprogrammant les opérations non urgentes. Nous allons aussi couper dans les prestations ambulatoires. La règle, c’est d’arrêter de pratiquer les actes qui peuvent attendre deux mois». En outre, Patrice Borcard note que «les enterrements pourront avoir lieu en respectant le plafond de 50 personnes. Cela veut dire qu’il y aura seulement la famille et les amis proches qui pourront participer aux célébrations».

 

Permanence téléphonique

 

Une nouvelle permanence téléphonique est opérationnelle depuis ce vendredi au numéro suivant: 084 026 17 00. «Cette hotline répondra à toutes les questions d’ordre sanitaire, mais elle effectuera également un triage des questions de tous ordres en lien avec la pandémie de coronavirus», indiquent les autorités cantonales. La permanence est disponible tous les jours de 8h à 20h.

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