La Liberté

Groupe E abandonne les éoliennes au profit du nucléaire

Groupe E renonce à ses projets de parcs d’éoliennes pour miser sur une centrale

François Mauron

Publié le 01.04.2021

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Economie » On ne sait pas si Jacques Mauron, le directeur général de Groupe E, est un admirateur de Charles de Gaulle. Mais comme le général, s’adressant à la foule à Alger en juin 1958, il pourrait dire: «Je vous ai compris!» Devant la tempête d’oppositions qui rugit face aux projets de parcs d’éoliennes qu’il nourrit dans le canton, l’énergéticien fribourgeois fait volte-face. L’entreprise renonce à son dessein de disséminer des pales géantes dans les forêts de la plaine fribourgeoise. A la place, elle prévoit désormais d’ériger une centrale nucléaire. Mais pas n’importe laquelle: une infrastructure dernier cri, plus efficiente et plus propre que les réacteurs construits en Suisse dans les années 1970 et 1980.

«Dans le futur, quels que soient les scénarios, l’électricité que l’on ne pourra pas produire avec le vent sera de toute façon issue du nucléaire. Autant que cela soit de l’énergie helvétique», note Jacques Mauron.

Une centrale plus petite

N’est-ce pas paradoxal de se lancer dans un programme atomique, alors que la centrale de Mühleberg, à quelques kilomètres des frontières cantonales, vient de tirer la prise? Non, répond Groupe E. Parce que contrairement aux installations subsistant outre-Sarine (Beznau, Gösgen, Leibstadt), le réacteur de la société basée à Granges-Paccot sera un condensé de nouvelles technologies.

«L’électricité que l’on ne pourra pas produire avec le vent sera de toute façon issue du nucléaire.»
Jacques Mauron

L’idée est de construire une centrale de pointe, plus petite – elle ne dépassera pas la cime des sapins – et parfaitement sécurisée. Sa production d’électricité devrait atteindre environ 8000 gigawattheures par an, soit l’équivalent de la centrale de Gösgen (SO). En outre, il est prévu de couvrir ses parois de panneaux photovoltaïques, de façon à pouvoir produire en sus du courant vert d’appoint. L’avantage d’une telle infrastructure, évidemment, est qu’elle ne dégage pas de gaz à effet de serre (CO2) dans l’atmosphère, mais uniquement une colonne de vapeur d’eau via sa tour de refroidissement. Un spectacle qui n’est pas sans rappeler certains nuages.

Emplacement pas choisi

A noter encore que le projet prévoit de créer aux environs du réacteur un biotope naturel autant par souci de compensation écologique que pour donner du cachet au lieu choisi, qui pourra devenir un objectif de promenade pour les familles. Il est en effet notamment prévu d’y creuser un étang, avec des grenouilles, des libellules ainsi que des poissons. Tous ces animaux seront de race indigène.

8000

gigawattheures par an, la production d’électricité de la future centrale

L’énergie nucléaire induit un seul inconvénient majeur, on le sait: les déchets (uranium, plutonium), radioactifs pendant au moins 100’000 ans. Mais le canton de Fribourg est au bénéfice d’une expertise reconnue dans ce domaine. Il compte ainsi les entreposer dans des chambres idoines en béton sur le site de l’ancienne décharge de La Pila, sur la commune d’Hauterive.

Groupe E n’a en revanche pas encore choisi l’emplacement exact de sa future centrale. L’entreprise va vraisemblablement se baser sur le plan directeur cantonal, lequel avait prévu sept sites pour accueillir potentiellement des éoliennes. Selon nos sources, elle devrait opter au final soit pour le parc des Monts-de-Vuisternens, en Glâne, soit pour les Collines de la Sonnaz, en Sarine. Il n’existe à ce stade aucun calendrier pour la mise à l’enquête et le début des travaux.

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