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Un diplômé qui revient de loin

David Bulliard a obtenu 5,9 de moyenne à son CFC, la meilleure note du canton dans son domaine

David Bulliard se dit prêt à tester de nouveaux domaines, quitte à reprendre des études. © Alain Wicht
David Bulliard se dit prêt à tester de nouveaux domaines, quitte à reprendre des études. © Alain Wicht

Tiffany Terreaux

Publié le 03.08.2020

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Apprentissage » David Bulliard, 32 ans, a obtenu la meilleure moyenne cantonale en tant qu’apprenti gestionnaire du commerce de détail. «Ça a été quelque chose de très très fort pour moi, alors que jusqu’ici j’avais toujours échoué. Au vu de mon parcours, je suis fier», lâche-t-il, souriant. Rien n’était gagné d’avance. Il avoue lui-même qu’il y a quelques années, il n’aurait pas parié sur un tel aboutissement.

Cet originaire de Pierrafortscha a connu de nombreuses péripéties avant d’obtenir sa place d’apprentissage dans l’entreprise de multimédia Steg, à Granges-Paccot. Son parcours scolaire obligatoire se passe sans encombre. Mais les soucis commencent une fois arrivé au Collège Sainte-Croix, à Fribourg. Après plus de deux ans, il se sent totalement dépassé et met un terme à ses études: «Je ne savais plus pourquoi je me levais, pourquoi j’apprenais de la philosophie ni pourquoi je devais savoir que Baudelaire avait écrit tel texte pour telle raison», confie-t-il, avouant qu’il vit à ce moment-là une période également instable dans sa vie privée.

Il enchaîne les petits boulots et intègre une agence de placement temporaire. «Le problème, c’est qu’au fil du temps, j’avais de moins en moins de travail», soupire David Bulliard, qui n’a d’autre choix que de faire appel à l’aide sociale.

Revirement de situation

Après des années de galère, le salut vient de sa compagne, Katia, qui commence à travailler dans l’entreprise Steg. Elle lui propose de venir faire un stage de trois jours: «Elle m’a dit: «Ça te changera de ton canapé, trois jours ce n’est pas grand-chose.» Il se laisse tenter. Le stage se prolonge de trois mois en trois mois sans être payé. Un accord est ensuite trouvé avec son assistante sociale pour qu’il puisse continuer à y travailler. Il accumule ainsi huit mois supplémentaires.

Seulement l’entreprise connaît quelques difficultés financières et David Bulliard craint pour sa place: «En fait, j’ai réalisé que la seule option pour continuer à travailler ici c’était de faire un apprentissage.» Malgré quelques doutes liés à son passé, le gérant du magasin, David Kohler, décide de l’engager.

Le voilà reparti pour les études, à 29 ans, plus motivé que jamais: «J’ai commencé très fort. Toute cette crainte que j’avais emmagasinée en plus de 10 ans je l’ai transformée en source de motivation.» Et ça paie! Il termine les première et deuxième années avec 5,9 voire 6 de moyenne. En dernière année, le rythme s’accélère, il maintient un 5,8 de moyenne au premier semestre. Le mois de mars arrive…

Puis le Covid passe par là

«C’était un peu le chaos. On avait seulement des livres à étudier et des exposés à réaliser.» La sentence finit par tomber: pas d’examens finaux, le dernier semestre ne compte pas pour la moyenne et la remise des diplômes est annulée. Un coup dur. «La vraie déception c’est de ne pas avoir eu de clôture à ce CFC qui représentait quelque chose d’important dans ma construction du nouveau David. Et puis ces examens finaux c’étaient mes derniers démons, j’allais conclure avec ça et j’avais vraiment bossé dur pendant la pandémie.» Au final, David obtient une moyenne pondérée de 5,9 pour son CFC. Ces examens finaux, c’était peut-être l’élément qui lui aurait permis d’atteindre ce 6 si cher à ses yeux.

Et pour la suite? David Bulliard ne peut pas rester chez Steg: «Je vais m’inscrire au chômage et réfléchir à mon avenir. Je ne me refuse à rien, quitte à reprendre les études dans quelques mois.»

Sur le long terme, il s’imagine exercer un métier en lien avec le social. A l’aise avec les gens, comme le confirme son chef David Kohler, le diplômé se voit travailler avec des jeunes notamment. D’ici là, il s’est fixé quelques buts personnels: «Je me suis rendu compte que si je n’ai pas d’objectif et que je ne vise pas quelque chose, je me laisse aller.»

Quant à ceux qui rétorquent que l’année 2020 rime avec CFC au rabais sa réponse est toute faite: «C’est simple, je leur demande de faire un CFC avec 5,9 de moyenne», lâche-il, souriant et convaincu.


Bio express

1988

Il naît le 3 février à Fribourg. Il est originaire de Pierrafortscha.

2008

Il rencontre sa compagne Katia.

2015

En octobre, il commence à travailler pour l’entreprise Steg.

2017

En août, il démarre un apprentissage dans cette même entreprise.

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