Fribourg: l’armée fait ses adieux à la caserne de la Poya

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Patrimoine » Les 145 sous-officiers de l’école ravitaillement 45 (E rav 45) qui seront promus samedi à l’Université de Fribourg sont les tout derniers militaires à avoir été hébergés à la caserne de la Poya. La fin de leur formation marque aussi celle de l’utilisation, par l’armée suisse, de ce site de 47’000 m2 pouvant accueillir 700 militaires.

C’est donc une page de l’histoire militaire de la Ville de Fribourg qui s’est définitivement tournée vendredi matin, dans un grand ballet de palettes et de camions.

Commandant de la place d’armes, le colonel EMG Guy Strickler anticipe déjà la prochaine entrée en service de l’E rav 45, qui se déroulera le 16 janvier 2023 à Drognens. Les recrues spécialisées en logistique et transmissions y rejoindront celles des Ecoles circulation et transport 47 (E CT 47), basées aujourd’hui déjà dans la place d’armes glânoise. «Nous pourrons y accueillir 1500 militaires au total», explique le colonel Strickler. «Au vu du nombre important de recrues attendues ces deux prochaines années, l’une des six compagnies sera toutefois logée provisoirement au camp militaire de Grolley.»

Défilé militaire en 2023

Désormais vidée de la plupart de ses occupants, la place d’armes de la Poya va subir, ces deux prochaines semaines, un nettoyage en profondeur. Le matériel encore présent sera déménagé vers Drognens et les clefs de la caserne seront remises au canton de Fribourg, propriétaire du site de la Poya, encore avant Noël. «Il reste un peu de tri à faire, car nous n’emmènerons pas forcément tout. La hallebarde du Régiment d’infanterie 7 pourrait par exemple rester ici», note Guy Strickler.

«Il reste un peu de tri à faire, car nous n’emmènerons pas forcément tout»
Guy Strickler

La fermeture de la caserne de la Poya donnera lieu à une cérémonie officielle le 8 mai 2023, en présence des autorités. A cette occasion, la ville de Fribourg connaîtra ce qui devrait être son dernier défilé militaire: quatre compagnies de l’E rav 45, totalisant un millier de recrues, marcheront de la rue de l’Hôpital jusqu’à la Grenette, accompagnées par les Grenadiers fribourgeois.

Une proximité regrettée

Après cette toute dernière prestation publique, les militaires devraient se faire rares dans les rues de Fribourg. «La proximité directe avec la population va nous manquer», regrette le colonel Strickler avec un brin de nostalgie. «Un contact direct avec nos voisins est primordial pour la visibilité de notre armée de milice.»

«Un contact direct avec nos voisins est primordial pour la visibilité de notre armée de milice»
Guy Strickler

L’exercice pourrait se révéler plus difficile dans la Glâne, avec une place d’armes située en rase campagne. A Fribourg, que ce soit dans le parc de la Poya ou sur les places d’instruction, spécialement à Moncor, les militaires étaient proches de la population. «Il sera plus rare de voir nos soldats effectuer des trajets à pied à travers la ville de Fribourg, Givisiez ou encore Chésopelloz», explique Guy Strickler.

L’officier y voit aussi une perte touristique et économique pour la Ville de Fribourg. Près des trois quarts des militaires stationnés à la Poya provenaient des cantons alémaniques et pouvaient ainsi découvrir la cité des Zaehringen, en particulier durant les sorties et autres soupers facultatifs. Le départ de l’armée sera également synonyme, pour les exploitants d’établissements publics, d’une diminution de clientèle: environ 600 militaires ayant la possibilité d’aller se restaurer une à deux fois par semaine en ville, ça fait beaucoup de consommateurs potentiels…