Le jubilé de la naissance du Père Grégoire Girard suscite moult inspirations. Après une exposition à la Bibliothèque cantonale et universitaire, un itinéraire didactique en ville de Fribourg et une biographie du pédagogue, un documentaire s’ajoute à l’édifice mémoriel du cordelier. A l’occasion des 250 ans de l’arrivée au monde du père franciscain, le journaliste Jean-Marc Angéloz lui consacre le documentaire «Qui a éteint le Père Girard, lumière de Fribourg?» diffusé au Rex de Fribourg.

Impressions à chaud des personnalités from Jean-Marc Angéloz on Vimeo.

«Comment Fribourg a-t-il pu répudier un type aussi génial? Pour répondre à cette question, j’avais d’abord proposé à la Fondation Girard un court-métrage de 30 minutes», explique le journaliste qui s’attaque pour la première fois à une réalisation.

«Les réactions enthousiastes vis-à-vis du projet et la découverte d’aspects encore trop méconnus de la vie de cet homme remarquable m’ont poussé à faire plus long.» Après un an de travail, c’est une production de 95 minutes qui voit le jour. Un métrage aux couleurs très locales puisqu’il est nourri par les récits face caméra des historiens Georges Andrey, Pierre-Philippe Bugnard, Jean-Pierre Dorand et Alain-Jacques Tornare ainsi que de l’archiviste de la ville Jean-Daniel Dessonnaz ou encore l’ancien directeur de l’Ecole normale de Fribourg, Jean-Marie Barras.

La première partie du documentaire, Jean-Marc Angéloz la vend comme «un thriller» qui dévoile les forces motrices du sort réservé au Père Girard et à l’enseignement mutuel interdit en 1823. A l’aide de correspondances et de documents issus de cinq fonds d’archives, le film retrace les premiers succès du pédagogue avec sa méthode d’enseignement avant de se focaliser sur les attaques qui leur sont faites.

A leur source, un patriciat révolté par le fait que la leçon d’un enfant de bonne famille puisse être faite par un individu d’origine modeste, et décidé à voir disparaître le mélange des classes sociales au sein d’une même école. Mais aussi - surtout - une Eglise qui considère la forme de cet enseignement pas suffisamment catholique. Courroucé par les insubordinations du pédagogue jugé trop proche des protestants, Monseigneur l’évêque Yenni demande au Conseil d’Etat d’interdire la méthode.

Moment clé du documentaire, l’affaire est saisie par le Grand Conseil qui, après un débat houleux, tranche en défaveur du cordelier au regret de la ville de Fribourg qui le soutient. Pour valoriser les textes de ce passage éminemment politique, le réalisateur a fait appel aux voix des députés Christian Levrat, Dominique de Buman, Jacques Bourgeois et Jean-François Rime.

Très didactique, la deuxième partie intitulée «un moine sous surveillance» revient chronologiquement sur des moments clés de la vie de l’homme. Sa jeunesse chez les jésuites est évoquée ainsi que ses engagements comme curé de Berne puis préfet des écoles à Fribourg avant la période tumultueuse, l’exil, puis la reconnaissance en fin de vie.

Drones sur Fribourg

Visuellement un peu aride, le documentaire est principalement illustré par des portraits des protagonistes, des documents officiels, des peintures et des images de la ville. Certaines sont des prises de vue filmées à l’aide d’un drone. De rares scènes de reconstitutions ont été tournées avec des acteurs.

Le projet, qui a bénéficié d’un budget de 30'000 francs, a été réalisé grâce aux dons de Groupe E, de La Fondation Girard, de Cremo SA et de la ville de Fribourg.