La Liberté

Quatre ans de lutte en vue à Marly

Capricorne asiatique • Une chasse longue et onéreuse doit être menée pour éradiquer l’insecte ravageur qui s’attaque aux arbres feuillus. Le canton paiera la lourde facture.

A Marly, deux foyers d’infestation ont été découverts en juillet aux Rittes puis au Publiet. La chasse aux coléoptères a été lancée: abattages d’urgence ou préventifs, déchetterie provisoire, contrôles réguliers et arbres-pièges font partie des mesures de lutte. © Vincent Murith
A Marly, deux foyers d’infestation ont été découverts en juillet aux Rittes puis au Publiet. La chasse aux coléoptères a été lancée: abattages d’urgence ou préventifs, déchetterie provisoire, contrôles réguliers et arbres-pièges font partie des mesures de lutte. © Vincent Murith

Francis Granget

Publié le 22.08.2014

Temps de lecture estimé : 5 minutes

«Ça nous fait mal au cœur aussi de devoir abattre ces centaines d’arbres. Mais c’est un mal nécessaire!» Vice-syndic de Marly, Eric Romanens l’a souligné mercredi lors d’une soirée d’information sur le capricorne asiatique organisée après la découverte, cet été, de deux foyers d’infestation. L’insecte ravageur ramené de Chine, par le biais d’emballages en bois, est particulièrement dangereux pour les feuillus, même sains, qu’il fait mourir à petit feu. D’où les abattages d’urgence exécutés pour éviter toute propagation.

Plus de 250 propriétaires sont venus à l’aula du CO questionner les représentants de la commune, de l’Etat et de la Confédération, dont Therese Plüss, collaboratrice de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), et André Chassot, responsable du Service phytosanitaire cantonal.

Mesures

Doit-on vraiment sacrifier nos arbres s’ils n’ont pas de «trous de sortie» du coléoptère? C’est la question que se posent moult citoyens de Marly. «Dans les foyers, l’abattage préventif est malheureusement la seule mesure efficace, répète André Chassot. Il n’existe encore aucun insecticide contre le capricorne asiatique et aucune mesure ne garantit à 100% qu’un arbre n’est pas déjà infesté de l’intérieur.» Premier pays touché en Europe par ce ravageur dès 2001, l’Autriche a réussi à l’éradiquer en 2013 grâce à l’abattage préventif, ajoute Therese Plüss.

Parmi les autres mesures prises à Marly, où plus de 160 insectes adultes ont été capturés, l’interdiction de taille des arbres a pu être levée hier. En revanche, celle de sortir du bois de feu de la commune reste valable jusqu’à nouvel avis. «Une déchetterie provisoire pour le bois de feuillus a aussi été mise en place dans la zone Winckler», relève le conseiller communal Maurice Horner. Les déchets sont broyés sur place avant d’être amenés à Bulle pour être brûlés chez Gruyère Energie.

Coûts

A Marly, avec deux foyers découverts aux Rittes puis au Publiet, la chasse au ravageur coûtera cher. «A Winterthour, où plus aucune trace du capricorne asiatique n’a été décelée depuis l’automne 2013, elle a coûté environ un million de francs par an, informe André Chassot. A Marly, la facture devrait être du même ordre de grandeur.» Comme à Brünisried, où il est avéré que la contamination est due à du bois de feu amené de Marly en 2011, le canton paiera l’addition. «En cours, la révision de la loi fédérale sur les forêts prévoit d’indemniser les cantons pour la lutte contre les ravageurs, mais pas avant 2016», note Therese Plüss. «La commune de Marly va également devoir inscrire dans ses comptes 2014, et peut-être 2015, une ligne pour les surcoûts occasionnés par la mise en place de moyens et de personnel supplémentaires pour lutter contre le capricorne asiatique», annonce déjà son vice-syndic.

Durée

«Nous ne sommes qu’au début de l’histoire!», prévient André Chassot. Une fois toutes les mesures d’urgence prises, dont le maintien d’arbres-pièges, des abattages préventifs auront lieu: érables, peupliers, saules, marronniers, bouleaux et platanes y passeront tous dans la zone des foyers. Et la liste pourrait être rallongée par les experts puisque des larves ont été retrouvées sur un frêne et des pontes d’œufs sur un tilleul et un noisetier. Dans un périmètre plus large, pour éviter entre autres que le bois des Rittes soit contaminé, des contrôles seront ensuite effectués deux fois par an par des chiens renifleurs et des arboristes-grimpeurs. «Et cela, durant quatre ans, soit deux fois le cycle de développement de la larve jusqu’à l’insecte», note Therese Plüss.

Dédommagement

Comme souvent, le porte-monnaie est le nerf de la guerre: plusieurs questions ont donc tourné mercredi autour d’un éventuel dédommagement des propriétaires pour les arbres abattus et leur remplacement. «Rien n’est prévu dans la loi!», répond Therese Plüss. L’intérêt général prime.

Souches

«Contrairement à ce qui a été rapporté dans la presse, les capricornes asiatiques ne s’attaquent jamais aux souches, assure André Chassot. Seul le capricorne des agrumes le fait et on n’en a pas trouvé à Marly.» Quant aux souches, elles ne sont pas extraites pour des questions de coût et surtout parce que cela n’aurait aucune utilité stratégique. Elles sont en revanche arasées. «Parfois, admet Eric Romanens, cette opération prend un peu de temps comme à la veille du week-end prolongé du 1er août où la priorité était d’abattre les arbres infestés.»

> La carte des zones infestées à Marly et d’autres informations régulièrement mises à jour sur le capricorne asiatique sont disponibles sur www.marly.ch

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