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Lausanne veut «rendre» la place de la Riponne aux habitants

Sécurité L’exécutif veut mettre fin au «monopole» des marginaux sur la moins aimée des places de la capitale vaudoise. Un début de solution?

Un champ de fleurs sera créé au nord de la place dans le cadre de Lausanne Jardins. © Dettling Péléraux Architectes/image de synthèse
Un champ de fleurs sera créé au nord de la place dans le cadre de Lausanne Jardins. © Dettling Péléraux Architectes/image de synthèse

Jérôme Cachin

Publié le 11.04.2014

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Les amateurs de l’émission «120 secondes» de «Couleur 3» attendent avec impatience la réaction de Serge Jaquet, un des rôles de Vincent Kucholl. Ce personnage de toxicomane hirsute, qui a ses habitudes à la place de la Riponne, aura certainement quelque chose à dire sur les mesures que la Municipalité de Lausanne a annoncées hier: l’exécutif veut que la place ne soit plus «monopolisée» par les marginaux, toxicomanes et alcooliques, comme l’a dit hier Daniel Brélaz devant la presse.

Il a fallu pas moins de quatre municipaux autour du syndic pour détailler les diverses mesures. Il y aura du provisoire pour 2014, du durable et du démontable. Des policiers. Mais pas de nouvelles constructions. Un plan global pour la place de la Riponne, c’est pour plus tard.

Des fleurs en libre-accès

La mesure la plus spectaculaire est d’ordre végétal. Cette année, la manifestation Lausanne Jardins permettra de créer un champ de fleurs de 500 m2 sur le nord de la place. Une attraction mêlant l’utile et l’agréable: à la manière des champs que l’on trouve le long de routes de campagne, la plantation est en libre-service, où l’on cueille librement des fleurs avant de déposer quelques pièces dans une tirelire. «Nous amenons la campagne en ville», souligne Florence Germond, municipale des Finances et des espaces verts, dans un élan champêtre.

La bande de fleurs durera le temps de Lausanne Jardins, de mi-juin à mi-octobre. En plus d’éloigner un groupe de marginaux qui a pris ses quartiers au nord de la place de la Riponne, elle coupera une voie d’accès au parking sous-terrain de 1200 places, le plus grand de Lausanne.

Lors de précédentes éditions de la manifestation, des installations végétales ont perduré en ville. Celle-ci survivra-t-elle aussi? La reprise en main de la Riponne fera-t-elle aussi baisser le nombre de voitures qui la traversent? Des questions prématurées, aux yeux de la municipalité.

De part et d’autre du champ de fleurs, des terrasses seront aménagées avec service de cuisine, le temps de la manifestation. Des containers abriteront une antenne de la bibliothèque municipale ou encore une sorte de halte-garderie. Et après? La ville cherche un repreneur pour l’ancien restaurant Mövenpick, passé ensuite par plusieurs tenanciers qui ont échoué. Un autre café exploite aussi une terrasse contigüe, à la belle saison. Peu étendue, cette dernière ne suffit pas à dissuader les marginaux de se fixer au nord de la place de la Riponne. Il n’y a pas non plus de solution pour reprendre l’ancien cinéma Romandie, qui ne sert guère qu’à abriter une partie du festival de bande dessinée BD-Fil, quatre jours en septembre.

Plus de policiers

Au sud de la Riponne, côté station de métro, la ville mise aussi sur des installations démontables pour «rendre la place» au public. C’est justement là que l’autre groupe de marginaux s’est fixé, de manière plus visible. Quatre snacks en roulotte seront installées pour attirer le chaland. Mais là, aucune terrasse.

«Le point de départ de toutes ces mesures, c’est la sécurité, explique Grégoire Junod, le municipal de la police. Il ne s’agit pas du tout de réflexions urbanistiques.» La présence policière sera «accrue et régulière» pour faire respecter le règlement de police. «Celui qui n’a pas envie de respecter le réglement, qu’il aille ailleurs», dit encore Daniel Brélaz.

Une place sans alcool?

Côté prise en charge sociale, Oscar Tosato rappelle que les programmes déjà en cours sont maintenus: le Distribus propose du matériel stérile aux toxicomanes aux abords de la place. Et dans le quartier du Vallon, à quelques centaines de mètres, le Passage et la Terrasse (notre édition du 15 mars) leur offrent divers types d’accueil.

Ces annonces ont suscité une vive réaction du PLR, qui dénonce des «mesurettes». Sa demande d’un «concept global» n’a pas fait mouche, regrette-t-il dans un communiqué très dubitatif. Les libéraux-radicaux doutent que la municipalité ait songé aux «éventuels risques de déplacement (des marginaux) sur d’autres places». Il suggère l’interdiction totale de consommation d’alcool, au moins sur une partie de la place, ou encore des interdictions de périmètre. I

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