La Liberté

«Rasez Taoua…»

Jérôme Cachin

Publié le 14.04.2014

Temps de lecture estimé : 1 minute

«Rasez Taoua… qu’on voie Lausanne!» C’est ce qu’a suggéré une modeste majorité des votants, hier. Voir Lausanne… Mais comment, au juste? Comme le tapis urbain qu’elle est encore dans la conscience collective. Un tapis qui se déroule en pente, avec ses plis et ses replis, jusqu’à la rive. Certes, le tapis a connu déjà bien des rafistolages hasardeux. Le centre historique, avec ses divers avatars de béton, en témoigne. Mais pour que le tapis reste un tapis, Taoua était de trop.

La participation assez élevée montre un sursaut. Sans fracas, il exprime une réticence: le paysage lausannois n’est pas encore à ce point dévasté qu’il faille rester indifférent à une nouvelle tour, haute de 27 étages. C’est juste que Taoua n’a pas charmé Lausanne. Ni pour elle-même, ni pour la lignée de probables futures tours qu’elle a fait craindre.

Taoua valait moins par son allure que par son contenu. Elle a su faire converger des impératifs écologiques, sociaux et économiques, dans un paquet ficelé et défendu avec conviction. Ainsi, la défaite qu’enregistrent la municipalité, le PS et le PLR est loin de faire vaciller le landerneau politique. Dans une campagne où la personnalisation n’a guère eu sa place, les divers électorats se sont divisés.

Baignés de prospérité économique, les Lausannois ne craignent pas de voir une manne leur échapper. Au fond, quand des investisseurs peuvent miser une centaine de millions de francs sur l’avenir du Palais de Beaulieu, la forme architecturale est secondaire: il suffit juste qu’elle ne se détache pas dans le ciel.

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