La Liberté

Pâque sans «s»

Détail d'un vitrail de l'artiste français Jean Bazaine (1904-2001), dans le sanctuaire Notre-Dame de l'Epine à Berlens. © Alain Wicht/La Liberté
Détail d'un vitrail de l'artiste français Jean Bazaine (1904-2001), dans le sanctuaire Notre-Dame de l'Epine à Berlens. © Alain Wicht/La Liberté

François Garaï*

Publié le 19.04.2014

Temps de lecture estimé : 2 minutes

En même temps que les Pâques chrétiennes, la communauté juive célèbre la Pâque, rappel de la Sortie d’Egypte. Cette fête, pendant laquelle nous mangeons des matzot (pains azymes), nous rappelle la réalité de l’existence qui est une recherche constante de libération.

La Sortie d’Egypte marque la libération du peuple d’Israël du joug d’une maison d’esclavage. Notre peuple se trouva à l’aube d’une ère nouvelle. Pendant les 40 ans qui suivirent, il traversa le désert et se prépara à l’autonomie et à la responsabilité individuelle et collective.

La libération, ce n’est pas la liberté qui est un état, un moment. La libération, c’est la recherche constante de l’autonomie et l’acceptation de la responsabilité. Cette souveraineté est tout d’abord celle de chaque individu. Quant à la collectivité, pour être libérée de tout joug, elle doit être composée de personnes en quête de libération dans la conscience de leur responsabilité.

Shlomo Avineri remarquait: «La lutte pour la libération a souvent été pensée d’une façon trop étroite, comme le transfert de pouvoir, comme si le pouvoir devait toujours être exercé…» Cette parole fait écho à celle, beaucoup plus ancienne, de nos maîtres: «Les voies de Dieu sont différentes de celles des hommes. Lorsque ceux-ci acquièrent des serviteurs, c’est pour qu’ils les servent. Mais quand Dieu acquiert des serviteurs, c’est pour en prendre soin» (Sifré).

En ce rappel de la libération du peuple d’Israël d’une maison d’esclavage, puissent tous ceux qui veulent échapper à un joug politique, social ou religieux, connaître ce que nos ancêtres ont connu: la libération véritable, c’est-à-dire la recherche d’autonomie et l’acceptation de la responsabilité envers eux-mêmes et envers les autres.

Le récit de la Sortie d’Egypte nous rappelle cette loi fondamentale: la libération est individuelle avant de devenir collective. Elle dépend donc de chacun de nous. Bonnes Pâques à vous et bonne Pâque à nous.

* François Garaï est le rabbin de la Communauté israélite libérale de Genève. Il a présidé le Bureau européen du mouvement pour le judaïsme libéral et a participé à la création de la Plateforme interreligieuse de Genève.

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11