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RIP pour «Requiescat in pace»

Publié le 22.01.2021

Temps de lecture estimé : 1 minute

Dans les annonces mortuaires, il semble que «mort» soit un mot interdit: litotes et euphémismes maquillent le retour au néant ou suggèrent l’immortalité: «s’est endormi», «est parti», «nous a quittés», «s’en est allé», «enlevé à notre affection», «a rejoint les étoiles», «s’est envolé». Le suicide est adouci par «a choisi de nous quitter».

La croyance ou l’espérance en un au-delà apaise-t-elle la souffrance? Probablement comme un analgésique pour une douleur physique: «s’est éveillé à la lumière», «a rejoint ses parents», «nous attend dans l’autre monde».

L’acte de foi peut devenir plus explicite: «Il a plu au Seigneur de rappeler à lui», «s’est endormi dans la paix du Seigneur», «a rejoint son Seigneur», «a été accueilli par son Seigneur pour participer au festin éternel», «est entré dans le Royaume», «dans son infinie bonté, Dieu a rappelé à Lui». Il y a même un soupçon de contradiction: «Dans la Joie de la Résurrection, nous avons la douleur…»

Le Dies irae est passé de mode. Il est remplacé par ce chant consolateur moins effrayant: «Sur le seuil de sa maison, notre Père t’attend…»

Dans les cérémonies funèbres, tous les assistants font leurs adieux au défunt: certains l’écrivent en deux mots avec une majuscule «A Dieu» comme une recommandation et la croyance en une rencontre ultérieure, une manière de dire: «au revoir». D’autres l’écrivent en un mot «adieu» sans espérance, mais avec la promesse que le défunt restera vivant dans leur mémoire.

Michel Bavaud, Treyvaux

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