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«J’ai appris à me torturer»

Jeannine Gmelin a été élue «rameuse de l’année». La Suissesse revient sur sa saison

Jeannine Gmelin: «C’est clair que c’est beau d’avoir la certitude de faire quelque chose de juste.» © Keystone-archives
Jeannine Gmelin: «C’est clair que c’est beau d’avoir la certitude de faire quelque chose de juste.» © Keystone-archives
Publié le 12.12.2017

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Aviron »   Jeannine Gmelin a vécu une saison parfaite couronnée par un titre mondial. Vendredi dernier, la skiff zurichoise de 27 ans a été désignée «rameuse de l’année» en 2017. Elle revient sur sa saison.

Vous avez été élue «rameuse de l’année» vendredi à Londres. Vous attendiez-vous à cette distinction?

Jeannine Gmelin: Non, c’est quelque chose que je n’avais jamais imaginé. Ce fut toujours pour moi une récompense pour des athlètes que j’admirais. C’était des héros dont j’avais le poster dans ma chambre. Encore maintenant, cela me fait bizarre quand quelqu’un dit que je suis championne du monde. Je me vois toujours comme Jeannine, qui rame volontiers pour la vie. C’est pour moi un énorme privilège de pouvoir faire chaque jour ce que j’aime. Je suis mon chemin, peu importe les conséquences. J’avance un pas après l’autre.

L’aviron est un sport très exigeant. D’où vient cettefascination?

Qu’il soit si dur, c’est une des raisons pour lesquelles ce sport me plaît. J’aime travailler dur et beaucoup m’investir. Je peux poursuivre mon développement dans de nombreux domaines aux niveaux mental et personnel. C’est pourquoi l’aviron est passionnant pour moi car il a divers composants. C’est une discipline complexe. L’aspect technique est important, l’endurance, la puissance, le mental. L’aviron réunit tout cela.

Etait-ce inné ou avez-vous appris à vous «torturer»?

C’est quelque chose que j’ai appris. Dans ma jeunesse, je n’étais pas une bonne sportive. Je me suis développée avec les années. Entre-temps, j’ai pu appréhender toujours mieux la douleur.

Le fait que vous n’étiez pas sportive avant signifie-t-il que vous n’avez pas commencé l’aviron comme un talent?

C’est certain. Je ne suis pas spécialement talentueuse, mes mensurations corporelles ne sont pas idéales comme je suis petite (1m71). Ce n’est pas comme si j’étais prédestinée pour l’aviron. Mais je possède une très forte volonté. Ma tête est mon atout.

Vous avez gagné plusieurs courses cette saison où vous n’avez laissé aucune chance à vos adversaires comme lors de la finale des championnats du monde. Y a-t-il un domaine où vous avez particulièrement progressé cette année?

Par rapport aux deux dernières années, je suis plus constante aujourd’hui. Je le remarque aussi à l’entraînement. Je me connais mieux, je peux mieux m’évaluer. Et j’ai une grande confiance en mes capacités.

Votre confiance en vous-même est grande. Vous sentez-vous parfois imbattable?

Certainement pas. C’est clair que c’est beau d’avoir la certitude de faire quelque chose de juste. C’est la constance qui m’a donné cette confiance. Elle m’a permis de réussir de bonnes courses toute la saison. J’en suis à un point où j’ai beaucoup d’outils dans mon sac à dos pour affronter les défis qui sont devant moi, pour atteindre mon but aux Jeux olympiques 2020.

Votre grand objectif ce sont désormais les JO 2020 à Tokyo. Vos attentes ont-elles augmenté après vos succès?

Pour le moment, je ne ressens personnellement aucune pression. Avant le titre mondial, je m’étais fixé de hautes exigences. Je suis très perfectionniste. C’est indépendant des résultats. La médaille d’or aux mondiaux est un jalon sur le chemin de mon grand objectif. Mais je suis consciente qu’il peut se passer encore beaucoup jusque-là et cela des deux côtés. Je peux encore beaucoup me développer mais je peux aussi me blesser. ats

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