La Liberté

«J’aime aller au bout des choses»

Victime d’un problème de quille, son bateau va cahin-caha mais Alan Roura n’entend pas abandonner

valentin Schnorhk

Publié le 04.01.2021

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Voile » Coincé dans les eaux du Pacifique Sud avec une quille récalcitrante, Alan Roura a déjà perdu le Vendée Globe d’un point de vue sportif. Mais le Genevois a choisi de poursuivre sa route, preuve de son abnégation sans faille.

Le temps va être long. La barre des 80 jours rêvée par Alan Roura sera franchie alors que le Genevois sera encore bien loin des Sables-d’Olonne. Son tour du monde, entamé il y a 56 jours, tourne à la torture mentale. «Je n’ai aucune idée du temps qu’il me reste», répondait-il le jour du Nouvel-An à Keystone-ATS, alors qu’il naviguait dans les eaux du Pacifique Sud. «Je devrais atteindre le cap Horn d’ici huit jours (vers le samedi 9 janvier, ndlr) et cela sera déjà rassurant mentalement: je serai plus proche des côtes. En cas de pépin, je serai plus serein.»

Coup de grâce

Alan Roura vit désormais dans l’acceptation. L’effort n’est pas moindre. Le personnage ne s’est jamais construit dans la résilience. Mais avec une quille qui lui joue des tours depuis bientôt dix jours, l’apprentissage s’impose de lui-même. «La quille est bloquée dans un angle très faible. Je peux continuer à naviguer, mais j’avance avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête.» Son allure en prend un coup, comme le moral.

Car La Fabrique devait être l’un des bateaux les plus fiables de la flotte. Son skipper en avait la conviction avant le départ, début novembre. «Mais ces problèmes-là, je n’aurais jamais pu les anticiper, assure-t-il. Cela n’arrive jamais en général.» Et c’est arrivé à lui. Comme un coup de grâce pour des ambitions déjà bien réfrénées depuis plusieurs semaines.

«Le classement, je vais désormais le subir, soupire le marin. Les autres vont me revenir dessus et me dépasser. Mais franchement, la course est terminée sportivement pour moi. Ça va forcément être plus long que prévu, mais il ne faut pas que ça en devienne plus long dans la tête. Il y a ces avaries, ces problèmes, mais il ne faut pas lâcher, car je suis toujours en mer.» Et tant pis s’il s’agit parfois d’aller au ralenti.

La dégringolade n’a pas encore eu lieu. Actuellement seizième, Roura bataille pour la 15e place avec la Britannique Pip Hare et le Français Arnaud Boissières. Bien loin des leaders de ce Vendée Globe, qui ont dépassé le cap Horn et ont entamé la remontée de l’Atlantique. C’est Yannick Bestaven, sur Maître Coq IV, qui l’a franchi le premier samedi après-midi. Une demi-journée avant que Charlie Dalin (LinkedOut) ne le fasse à son tour, en comptant une centaine de miles de retard sur le leader.

Quoi qu’il arrive

Une bataille de laquelle est totalement déconnecté Alan Roura. Le navigateur suisse a des préoccupations qui l’obligent à mener une autre course. «J’ai hésité à pousser la barre et me diriger vers la Nouvelle-Zélande, admet-il. Mais j’aime aller au bout des choses. Je suis évidemment très déçu de cette course, mais tant que je suis là, je veux rester dans le jeu, naviguer sérieusement. Je veux que les gens qui me soutiennent soient fiers que je ne lâche pas. J’ai envie d’arriver avec l’idée d’avoir fait ce que je pouvais.» Et d’accepter que cela reste un exploit, quoi qu’il arrive. ATS

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