La juste mesure du monde
Parcourir le Tibet oriental à vélo pendant deux mois pour découvrir une région bétonnée et surveillée
Claude Marthaler
Temps de lecture estimé : 6 minutes
Aventure » A chaque vitesse, son paysage. Sur la route de Lhassa, deux points minuscules s’abaissent et embrassent la terre. Claquement de planchettes, robes lie-de-vin patinées, gouttes de sueur qui perlent au front de deux moines en pèlerinage qui effectuent des prostrations sans relâche vers la «terre des dieux» (Lhassa), située à 2500 km. Ils s’y rendent en parcourant environ 7 km par jour. Face à eux, sur mon vélo, je me sens dans la peau d’un supersonique, et bien trop éloigné de la terre pour être à l’écoute de son pouls.
A la seule fin de m’ensauvager, je veux encore croire au tournoiement cosmique de mes roues, soupçonnant mon pédalier d’être un moulin à prières vertical. Pour vivre à fond, une fois de plus, la mystique du col: basculer de la civilisation vers quel