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Messi sacré pour la sixième fois

Le joueur argentin décroche un nouveau Ballon d’or. Une récompense historique pour un record absolu

Publié le 03.12.2019

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Football » Un nouveau sacre historique, synonyme de record absolu. L’Argentin Lionel Messi a remporté le sixième Ballon d’or de sa riche carrière lors d’une cérémonie à Paris, où l’Américaine Megan Rapinoe a décroché la plus prestigieuse distinction individuelle chez les dames.

Le théâtre du Châtelet, hôte de la cérémonie de l’édition 2019 organisée par l’hebdomadaire France Football, a finalement joué une partition classique en sacrant de nouveau un grand habitué pour succéder à Luka Modric. Avec ce sixième titre de meilleur joueur de la planète (2009, 2010, 2011, 2012, 2015, 2019), Messi (32 ans) est désormais seul au monde devant son éternel rival Cristiano Ronaldo (cinq Ballons d’or) et d’autres légendes comme Johan Cruyff, Michel Platini, Marco van Basten (3 Ballons d’or).

Van Dijk deuxième

«Leo», déjà lauréat du prix FIFA The Best cette année, devance ses principaux outsiders Virgil van Dijk (28 ans, 2e) et Sadio Mané (27 ans, 4e), qui ont pourtant triomphé avec Liverpool en Ligue des champions, l’habituel juge de paix lors des années impaires. Et Ronaldo complète le podium (3e). Si Messi s’est arrêté en demi-finale de C1 avant de remporter le championnat d’Espagne avec le Barça, il a inscrit 36 buts la saison dernière, synonyme de sixième Soulier d’or européen qui récompense le meilleur buteur tous championnats confondus.

Le Sénégalais Mané, également comeilleur buteur du championnat d’Angleterre avec Liverpool et vice-champion d’Afrique avec sa sélection, avait également été plébiscité par de nombreux observateurs et anciens joueurs pour succéder à George Weah, seul joueur africain à avoir remporté ce prix en 1995. Il a finalement terminé à la 4e position, juste derrière l’éternel Cristiano Ronaldo (Juventus), à l’issue du vote d’un jury mondial de 180 journalistes.

Chez les dames, l’Américaine Rapinoe, star du Mondial 2019 survolé par la «Team USA», a conclu son année en or par un nouveau trophée de prestige. La joueuse de 34 ans a fini meilleure buteuse de la Coupe du monde en France. Désignée également meilleure joueuse du tournoi, la star américaine avait remporté le prix FIFA The Best à Milan fin septembre dernier. Rapinoe, dont la stature a dépassé les terrains pour devenir une icône de l’opposition au président américain Donald Trump, succède à la Norvégienne Ada Hegerberg qui avait reçu le premier Ballon d’or féminin de l’histoire en 2018. Figure de la lutte pour les droits des LGBT et l’égalité homme-femme, Rapinoe n’a pas pu être présente à Paris pour recevoir son trophée en raison «d’obligations personnelles».

Deux autres distinctions ont été attribuées cette année dans le cadre du Ballon d’or, avec le trophée Raymond Kopa du meilleur joueur de moins de 21 ans, et le trophée Lev Yachine, récompensant pour la première fois les gardiens de but. Matthijs de Ligt (20 ans), l’un des piliers de l’épopée de l’Ajax Amsterdam sur la scène européenne l’an dernier, et Alisson Becker ont été récompensés. ats


COMMENTAIRE

Et si on arrêtait cette mascarade?

Le Châtelet portait bien sa dénomination: c’était le théâtre hier soir à Paris. Si les capes et hauts de forme sont désormais passés de mode, smokings, nœuds pap’, souliers vernis, robes longues et talons étaient au rendez-vous de cette cérémonie de remise du Ballon d’or. Cérémonie… ou plutôt mascarade pour ce que le football fait de pire: l’autocongratulation et le paraître. Alors oui, Lionel Messi a décroché la timbale. Et alors? Comment attribuer une sixième fois une récompense au même footballeur, aussi exceptionnel soit-il, alors qu’une icône telle qu’Andres Iniesta, probablement le meilleur maître à jouer de ces 30 dernières années, ne l’a jamais reçue? Comment consacrer une fois de plus un attaquant, alors que le dernier défenseur à l’avoir été porte les traits vieillis de Fabio Cannavaro, couronné en 2006? Pourquoi Lev Yashin est-il le seul gardien distingué en 64 éditions? Et la crédibilité dans tout ça? Le Ballon d’or n’a-t-il donc d’yeux que pour «ses dieux» qui marquent des buts?

A l’instar de cette désolante habitude d’attribuer des notes aux joueurs, le Ballon d’or est une aberration, une farce faisant l’éloge de l’individu au détriment de l’équipe. «Le lien indéfectible entre onze garçons et un manager est moins porteur quand il s’agit de dégager une sorte d’homme providentiel afin de recevoir une jolie sphère dorée», écrivait fort justement L’Equipe dans son édition d’hier, anticipant ainsi la victoire de Lionel Messi aux dépens de petits gars de Liverpool, lauréats de la dernière Ligue des champions.

Le collectif, essence même du football, est bafoué par des cérémonies comme le Ballon d’or. Alors oui, le Châtelet portait bien sa dénomination: c’était le théâtre hier soir à Paris. Et si, une fois pour toute, on arrêtait cette mascarade? Pascal Dupasquier

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